Une romance aux vingt stars dont l’eau de rose a tourné au vinaigre. Une vraie déception. "Valentine's Day" est le film de la Saint-Valentin de 2010 aux USA, ou comment Garry Marshall retrouve Julia Roberts, l’interprète de "Pretty Woman" et "Just married", pour des apparitions saugrenues qui ne rendent pas justice à la comédienne. Ce film raconte donc
les destins croisés de couples qui se séparent ou se retrouvent, de célibataires qui se rencontrent à Los Angeles, le jour de Saint-Valentin
... Un an après le succès du joliment écrit "Ce que pensent les hommes", New Line a invité les deux scénaristes vedettes à rédiger le script d’un nouveau film choral sur l’amour, mais avec deux fois plus de personnages. Les producteurs y déballent ainsi, sans aucune autre justification qu’appâter le chaland, une nébuleuse réellement impressionnante de caractères, interprétés par des comédiens stars (et même une chanteuse vedette, Taylor Swift, aux ventes d’albums record dans le monde en 2008-2009). Malheureusement, dans la constellation du film orchestre aux 20 figures, les développements psychologiques s’arrêtent à des stéréotypes :
la patronne de poids et à caractère, Queen Latifah; la belle fille désespérément célibataire qui hait la fête des amoureux et, aigrie, crée une soirée spéciale pour les abandonnés de l’amour, Jessica Biel; le gentil benêt tout de rose vêtu et à la gentillesse légendaire (son meilleur ami est un immigré latino de 50 ans et tous ses employés l’adorent !) qui ne vit que pour sa Valentine, même s’il s’est trompé de princesse, puisque secrètement c’est sa meilleure amie, à l’oreille tellement attentive, qu’il aime (Ashton Kutcher, Jessica Alba et Jennifer Garner); les deux vieillards qui vivent une crise inattendue avec la révélation d’un adultère de jeunesse, Shirley MacLaine et Hector Holizondo; le sportif tombeur de ses dames qui se recherche ou du moins s’est trouvé en secret dans un placard (Eric Dane de "Grey’s anatomy"
)... Tous plus fades les uns que les autres, apparaissant de manière aléatoire (les fans de Taylor Lautner de "Twilight" et de Taylor Swift risquent de se sentir un peu floués), les personnages sont invariablement sacrifiés sur l’autel du défilé de stars. Avec un don sucré pour la magie mièvre, le film transforme la Saint-Valentin en véritable obsession névrotique. Le titre se justifie dans la bouche des acteurs toutes les deux minutes (attention à l’overdose), alors qu’on s’intéresse
au commerce américain de roses ce jour-là (Ashton Kutcher joue le rôle central d’un fleuriste), ou que l’on croise des hôtesses de l’air distribuant des sucettes en forme de cœur
. Une telle opération commerciale tient à ce niveau de la névrose ou de l’aliénation mentale. Le phénomène névrotique autour de la Saint-Valentin est ici décrit comme intergénérationnel, le scénario brassant toutes les tranches d’âge. Les
enfants de l’école primaire de Jennifer Garner (elle incarne une institutrice) découvrent l’amour, les ados bourgeonnent, les adultes vouent un culte à Cupidon, tout cela dans un conservatisme bourgeois qui peut gêner. Ainsi, les jeunes de 18 ans que l’on doit garder asexués sont condamnés à s’échanger quelques chastes baisers, puisqu’à la dernière minute les hésitations face à l’acte sexuel l’emportent
. Le comble de ce film grabataire, mal façonné par un artisan vraiment pas intéressé par la technique, c’est l’argument principal, tournant autour des retrouvailles avec Julia Roberts. Le légendaire metteur en scène de comédies américaines, Garry Marshall, qui a plus de nanars, tout de même, que de bons films à son actif, maltraite son égérie qui est enlaidie pendant tout le long-métrage. Elle revêt
le treillis d’une militaire, confinée dans un avion pendant quasiment toute la durée de l’intrigue, au côté d’un Bradley Cooper inutile. Un rôle qui, lui aussi, ne sert à rien
. Bref, une comédie romantique américaine à oublier