The Ward est un film assez faible de John Carpenter, c’est vrai. Reste qu’il est tout de même un réalisateur expérimenté, talentueux, et qu’il parvient à sauver les meubles dans un film pas déplaisant, mais très lisse et trop paresseux.
Les acteurs sont un atout certain. Amber Heard prouve qu’elle est plus qu’un physique, et délivre une prestation efficace et convaincante, menant bien la danse dans un rôle qui nécessitait finesse de jeu et charisme pour exister. Elle m’a agréablement surpris. De même d’ailleurs que ses acolytes féminins, qui certes incarnent toutes des personnages pour le moins cliché mais qui se débrouillent vraiment bien avec ça. Elles se montrent justes et sobre n’en font jamais trop. Enfin le personnel de l’hôpital est loin de démériter, et Jared Harris notamment s’en sort bien. De ce côté-là, à part peut-être l’infirmière c’est moins cliché pour le coup par rapport à ce que l’on pouvait attendre.
Le souci vient de l’histoire. The Ward en effet est un métrage d’abord assez mou. Il ne dure pas une heure trente, et pourtant il faut reconnaitre que le sentiment de tourner en rond, de voir des moments trainer en longueur ou témoigner d’une réelle inutilité est bien réel. The Ward dispose à mon sens d’un bon potentiel, mais qu’il exploite finalement peu, au profit d’un scénario franchement pas terrible de fantôme, que la conclusion, qui se présente comme une révélation ne parvient pas à pimenter. En effet le caractère terriblement didactique de la révélation la tue presque dans l’œuf, et l’épilogue définitif était hautement dispensable pour crédibiliser cette fameuse révélation. En clair le film peine à accrocher de ce point de vue-là c’est certain.
La réalisation est correcte. Carpenter revient honorablement, s’éloignant clairement du parti pris qui avait été le sien sur Ghost of Mars. Peu d’effets de style tapageur, beaucoup de sobriété, une attention portée aux acteurs avec des plans serrés, Carpenter s’adapte au quasi huis-clos qu’il nous propose avec une mise en scène dépouillée mais globalement solide. Reste qu’à trop dépouiller on finit aussi par jeter des choses utiles. On pouvait ainsi attendre légitimement un travail moins paresseux pour les scènes de meurtres. En effet il y en a une en particulier, plus longue (et donc relevant davantage les défauts) qui donne l’impression de ronronner sur trois plans alternés ! Pour le reste le film est doté d’une belle photographie, mais dispose de décors assez pauvres. L’asile tient en une poignée de lieux, et même si on peut l’accepter, il faut avouer que ça fait très série Z avec un couloir, trois pièces et point barre. Il aurait au moins fallu créer un peu plus d’atmosphère autour d’eux. The Ward dispose de quelques effets horrifiques. Rien de terrible, mais il y a quelques morceaux qui font leur effet et surprendront agréablement l’amateur. Surtout dans la deuxième partie ils donnent un peu du piment qui manque à l’histoire. Enfin la bande son est très décevante, ne distillant vraiment aucune ambiance ou aucun climax alors que le film s’y prêtait grandement.
En clair The Ward est un petit film, qui n’est pas déplaisant en soi, parce que finalement Carpenter mène son petit train-train avec suffisamment de talent pour ne pas sombrer mais quand même, si The Ward échappe au 1.5 ou au 2 c’est franchement du fait du casting. Je crois même que s’il n’avait pas été au niveau The Ward se serait effondré comme un château de carte, pour beaucoup à cause d’une histoire mal déroulée. 2.5