Cela faisait bien longtemps qu'un film ne m'avait pas mis une aussi grande claque. Le travail titanesque de montage, et la réalisation de ce film sont sans pareil. Beaucoup ont dit qu'il était "trop long, trop compliqué, ennuyeux", pour ma part, j'y vois un film aborder des thèmes très simples mais universels, et qui vous laisse les ressentir à la manière dont vous le souhaitez.
Liberté, lutte contre l'oppression, réincarnation, croyances, etc. Le film ne vous impose pas d'y croire mais souligne le fait que qui que l'on soit, homme, femme, noir, blanc, asiatique, jeune, vieux, gay, hétéro, peu importe, nous sommes égaux dans nos émotions, nos peurs, nos désirs et notre besoin d'humanité.
Oui, le film saute d'une époque à l'autre en une fraction de seconde à travers 6 histoires, mais là ou certains y voient un fouillis, j'y ai personnellement vu un incroyable moyen de donner une résonance et une synergie à chacune des scènes, permettant de retirer au final plus de chaque histoire que si elles avaient été racontées chacune de manière linéaire. Notamment
lorsque Sonmi voit Chang mourir, cela arrive juste après que Sixsmith ait découvert Frobisher mort, et les paroles de Sonmi (semblales à celles écrites par Frobisher à Sixsmithn dans sa dernière lettre) touchent d'autant plus l'Archiviste (qui sera donc celui répandant sa "parole", et de ce fait, voir Ewing enfin retrouver sa femme a bien plus d'impact, permet aux couples séparés par la mort d'obtenir leur "happy ending" même si celui-ci était dans le passé.
. Je pourrais citer bien d'autres moments, ou d'autres détails saupoudrés ici et là par les réalisateurs mais le film mérite d'être vu.
Le casting est phénoménal de bout en bout, les acteurs réalisant tous la prouesse d'interpréter 4 à 6 différents personnages, de sexe, race, âges différents du leur. Les "stars" Hanks, Berry, Grant et Broadbent sont surprenants et fascinants, alors que les acteurs moins connus (surtout aux US) comme Ben Wishaw, Doona Bae, Jim Sturgess et James d'Arcy délivrent tous des performances fortes en émotion tout en étant très subtils. Mention spéciale à Hugo Weaving, badass et délicieusement maléfiique de bout en bout (surtout dans sa version de "Nurse Ratchet").
Enfin, dernier point majeur: la musique. Composition originale éthérée et épique, elle est au coeur du film et vous hante encore bien après.
A bien regarder, ce film est une symphonie visuelle en soi, faite d'actes et de passage, ou chaque acteur est un instrument qui intervient tantôt puissamment, tantôt en fond, et procure un nouveau son à chaque apparition. Et, telle une symphonie, le film ne vous révélera pas les secrets de l'univers, il vous ennuiera peut être, mais surtout ne vous demandera rien de plus que de vous laisser envahir par les émotions qu'il véhicule
A l'heure ou sortir block-buster qui rapporte sans chercher plus loin semble être devenu le credo des studios, Cloud Atlas est un OVNI risqué qui mérite tellement d'être vu...