Je me souviens avoir beaucoup entendu parler de ce film. Je me souviens aussi qu’il est resté longtemps à l’affiche. Cela grâce à un joli succès commercial, ce dont je me souviens également. Mais je me souviens aussi que j’avais fait un gros blocage dessus. La faute à un titre trop typé, que je considérais destiné à racoler un public issu de milieux défavorisés. Pourtant je ne suis pas du genre à juger sans savoir, aussi me suis-je intéressé à cette production lors de son passage à la télé. Le résultat ne m’a pas surpris. Conforme à ce que j’en attendais, c’est-à-dire pas grand-chose. Car finalement, le but de "Neuilly sa mère !", c’est quoi ? Est-ce une thèse ou une antithèse sur les cités ? Ma foi, je n’en sais fichtre rien. Je ne vois même pas ce que ce film a voulu dire. Que la vie en cité n’est pas une fatalité et pas forcément gage de vie précaire à perpétuité ? Tout le monde le sait, ça. A condition toutefois de se sortir les doigts du c… (et d’en être capable)... de le vouloir (et d’en être capable là aussi)… et de se battre (et là aussi d’en être capable). Encore faut-il ne pas se tromper de combat. Il s’agit de se battre pour sa survie. De se battre pour avoir une vie respectable. De se battre pour avoir une vie respectée. De se battre pour une vie décente. Rien n'est gagné d'avance. Mais bon là je m’éloigne du sujet, bien que le débat ne soit pas dénué d’intérêt. Revenons-en donc à ce "Neuilly sa mère !", auquel je ne trouve justement aucun intérêt. Pire, j’ai plus l’impression d’avoir vu une accumulation de clichés qu’autre chose. Et ce dans tous les endroits où se passe… euuuuh… l’histoire (mince, quelle histoire, finalement ?). Trop de clichés tue le cliché. Nul doute que le staff technique a essayé de présenter certaines choses avec le plus de crédibilité possible. Comme le gars qui a fait un bac plus je ne sais plus combien et qui hérite d’un boulot pas vraiment gratifiant, et comme celui qui a un bac moins six et qui roule en cabriolet allemand. Le principal problème est qu’on ne croit pas une seconde à cette histoire. Enfin à... ça. Allons allons, soyons réalistes : une richissime famille qui accueille temporairement un autre membre de la famille chez elle… Franchement, si ça ne leur posait pas de problème, pourquoi n’ont-ils pas accueilli ce beur plus tôt ? Et par extension, sa mère par la même occasion ? Après tout, l’hôtel particulier est suffisamment grand ! Ce bâtiment resservira même à accueillir le tournage de "Le bazar de la charité" en 2019. Quant à vivre sous le même toit alors que les convictions politiques sont à des années-lumière… Et que dire de cette pseudo amourette qui au fond ne sert à rien si ce n’est d'alimenter toujours plus de clichés ? Donc nous voilà confrontés au changement d’horizon subi par le jeune Sami suite à une évolution de carrière de sa mère, le maître mot étant l’intégration. Malheureusement il ne ressortira aucune émotion particulière. Le seul qui parvient vraiment à tirer son épingle du jeu se nomme Jérémy Denisty dans la peau de l’insupportable Charles. Bourge jusqu’au bout des ongles avec tous les mauvais côtés de ce genre de condition, que ce soit par la parole ou le comportement : dédaigneux, irrespectueux, imbu de sa personne, empli de partis pris et j’en passe, il parvient à faire de son personnage quelqu’un d’absolument détestable. Tout cela en nous apportant des affrontements succulents avec sa sœur. En plus il bénéficie d’une définition bien peu glorieuse de la politique, amenée par un Michel Galabru en sénateur, juste histoire de dire qu’il n’y a plus aucune raison de croire en la politique, ce dont on se doutait fortement déjà. Ensuite, grâce à son métier, Josiane Balasko fait une directrice d’école très convaincante. Denis Podalydès est pas mal aussi en son genre. A côté de ça, on notera un ton trop souvent caricatural, notamment chez le trio de racketteurs. Non seulement ça tombe dans la caricature mais en plus ils amènent un retournement de situation trop facile, pour ne pas dire abracadabrantesque. Et je ne parle même pas de l’apparition ô combien ridicule de Ramzy. Non, finalement, il n’y a pas grand-chose à sauver, si ce n’est la prestation de certains acteurs. Ceux que j’ai nommés plus haut bien sûr, mais aussi le jeune Samy Seghir qui s’est beaucoup appliqué, et ça se voit à l’écran. Suffisant pour me faire remonter un peu ma note qui s’annonçait au ras des pâquerettes, ou plutôt du bitume. Quoique ça aurait été à l’image du film.