Si je ne suis pas un adepte du Patient anglais d’Anthony Mingehella, vu deux fois depuis sa sortie 1997, force est de constater que le film est un formidable vivier d’émotions, de sensations. Amour, guerre, deuil, joie, un formidable mélange au service d’une romance haute de gamme. Long, laborieux aussi, c’est finalement vers un final qui fera sans doute verser quelques larmes à bon nombre d’entre nous que l’on s’achemine, petit à petit, sans grand suspens mais avec l’impression quasi permanente que la tristesse, la mélancolie, vont nous achever. Très académique, très intriguant, l’on pourra finalement regretter un traitement de la liaison amoureuse entre le mystérieux patient anglais et sa belle trop adaptée au cinéma d’auteurs, trop pathos, guimauve en somme.
Ralph Fiennes, qui enchaîne les rôles marquants dans les années 90, endosse le costume du ténébreux aventurier d’origine plus ou moins masquée qui finira ses jours dans un monastère italien, défiguré, mourant, narrant son histoire par le biais de flashback à sa nouvelle bienfaitrice, son interlocuteur canadien mystérieux et un démineur d’origine Sikh. Oui, la seconde guerre mondiale s’achève mais la douleur de notre malade n’est que plus vive. Le désert aura été pour Minghella le moteur de son récit, adapté d’un chef d’œuvre de littérature. Le cinéaste britannique, qu’il repose en paix, aura su percer la beauté du lieu, tout en respectant les populations locales, les enjeux du conflit nord-africain durant la guerre. C’est finalement les enjeux politiques, d’espionnage, qui durciront les enjeux du film, romance relativement cousue d’un éternel fil blanc.
Les images sont belles, les acteurs excellents, les émotions vives. Que demander de plus? Difficile à dire. C’est malgré tout sur ma faim, mais en pleine contemplation d’un final grandiose que j’ai terminer le deuxième visionnage de ce film qui apparaît maintenant comme un classique. Du bon, du très bon mais aussi du moins bon, du nettement moins bon, viennent faire de ce film un drôle de monument, saisissant mais parfois presque repoussant tant il est académique et logique. La guerre étant un formidable moteur pour la tristesse, la nostalgie et l’amertume, Anthony Minghella n’aura pas eu de peine à faire naitre tout ça d’une manière, selon moi, trop téléphonée.
Curieux comme un film tel que celui-ci peut laissé pantois. Difficile de décréter si l’on aime ou non mais une chose est sûre, lorsque il démontre de l’intérêt, un film à déjà quasiment atteint son but. Une guimauve déguisée en film de guerre qui ne laisse pas indifférent, qui étourdit aussi bien qu’elle ennuie. Oui, drôle de film, d’une puissance mélancolique quasi dérangeante, tout de même. En tous les cas, les récompenses attribuées au film ne sont pas déméritées. A vous de découvrir ou de redécouvrir ce film. 13/20