Centurion est un péplum consacré, comme L’Aigle de la Neuvième Légion, à cette épopée ratée des romains en Écosse. Globalement sa qualité est à peu près similaire au sus-nommé, mais il risque de séduire un public plus restreint.
Coté casting, c’est du solide. Fassbender est un acteur talentueux, qui rend généralement très bien les faiblesses de ses personnages. Là il s’en tire avec les honneurs, créant un héros qui parvient à s’absoudre du cliché « Maximus » hérité de Gladiator. On a le sentiment qu’il a des faiblesses, et on se dit que tout peu arriver jusqu’à la fin. En face de lui, quelques acteurs convaincants, et notamment Olga Kurylenko. Actrice capable de très bonnes choses, elle propose ici un personnage crédible, et impose un réel charisme lors de ses apparitions. Pour le reste, franchement c’est solide. En dehors peut-être d’un ou deux seconds rôles (le traitre par exemple, parfois un peu cabotin), il n’y a pas grand-chose à redire.
Le scénario ressemble un peu à celui de L’Aigle de la Neuvième Légion, proposant surtout un survival antique plutôt qu’un réel péplum dans les codes du genre. Partant sur un postulat historique, il pourrait presque former un dyptique avec le film de McDonald, prenant place avant celui-ci chronologiquement. L’histoire est assez haletante, racontant ensuite une traque rythmée, dotée de bons rebondissements, même si certains sont attendus et d’autres pas très convaincants (le coup de la sorcière par exemple, bof !). Sans être transcendante, l’histoire de Centurion n’est donc pas déplaisante, mais clairement ne s’adresse pas du tout aux amateurs de films historiques. On est davantage dans une série B d’action musclée, un film d’aventure violent, que dans une fresque à la Gladiator.
Sur la forme, là il y a des choses qui m’ont déçu. La mise en scène de Marshall en premier lieu. C’est un réalisateur de séries B efficaces mais sans grande ampleur, et du coup ici, il y a quelques lacunes. La grande bataille de la légion par exemple, ben ce n’est pas ca du tout. Le réalisateur se contente de nous montrer successivement des scènes violentes, mais n’essaye pas de dégager quelques choses d’autres, un sentiment épique par exemple, ou une certaine majesté. Certes le budget n’était peut-être pas énorme pour ce type de production, mais je pense qu’avec un simple travail de mise en scène Marshall aurait pu faire beaucoup mieux. La photographie est trop passe-partout, proposant des couleurs froides très basiques. Ca manque clairement de recherches et d’audace. En revanche les décors sont réussis, et notamment certain paysage naturels, où là, Marshall fait vraiment preuve de cette ampleur et de cette majesté qui lui manque ailleurs, avec quelques séquences aériennes qui rappelleront le Seigneur des Anneaux. En revanche, point noir sur les effets gores. Centurion est en effet un film qui ne lésine pas sur le sang qui gicle, mais alors c’est souvent terriblement mal fait. Là j’ai été très surpris, surtout de la part d’un réalisateur de films d’horreur qui a l’habitude normalement de cela. Les effets sont souvent d’une très grande artificialité, le summum étant probablement atteint dans la toute première bataille. Le sang numérique n’est vraiment pas une réussite, même la couleur étant ratée. D’autres fois c’est mieux, mais franchement, ceux qui voudraient voir le film pour cela déchanteront vite. Il y a finalement bien peu de chose en dehors des giclées de sang. Enfin niveau musique c’est correcte, mais sans plus.
Pour conclure, Centurion est un film pas mal, mais pas davantage. Il est peut-être plus typé que L’Aigle de la Neuvième Légion, mais au final, il est un peu plus faible sur la forme. Doté de vraies qualités, dont son casting, ses décors, son rythme solide et prenant, il réserve aussi quelques bonnes séquences d’action, notamment celle dans le fort romain. Marshall livre malgré tout un métrage pas assez ficelé, avec un certain laissé allé sur les aspects qui aurait pu être ses points forts, à commencer par la violence graphique qui finalement fait un peu tache, car mal maitrisée. 3 étoiles, mais pas plus, et en tenant compte du budget de 12 millions, quand même deux fois inférieurs à celui de l’Aigle de la Neuvième Légion.