Disparue en hiver, de Christophe Lamotte, embarque Kad Merad dans une enquête policière aux aspects de film noir, mais terriblement ennuyante, souffrant de nombreuses scories dont la plus importante est certainement une froide misogynie flirtant avec le malsain, mettant la victime au rang de complice de son propre malheur.
Daniel (Kad Merad) travaille dans une entreprise de recouvrements de dettes. Un jour, il prend une jeune femme en stop, Laura (Lola Creton). Alors que celle-ci lui propose une fellation, celui-ci refuse et débarque Laura en pleine forêt. Quelques jours plus tard, il apprend que Laura a disparu. Ancien policier, il reprend ses vieilles habitudes et se lance dans l’enquête pour la retrouver.
D’un point de vue formel, Disparue en hiver possède les qualités d’un bon vieux polar, le scénario entretenant le mystère, les pistes se multipliant et Daniel étant l’archétype du vieux loup de mer. À mesure qu’il crame ses vieilles gauloises, il se rapproche, faisant fit de toutes retenues, de la solution. « Une couche de tabac, une couche de passage à tabac », comme disait Nougaro dans Plume d’ange, voilà la méthode de Daniel pour ses investigations. Traumatisé par la mort de sa fille, s’étant noyée à l’âge de quinze ans, l’ancien flic prend l’affaire qui se présente comme une affaire personnelle. Son ex-femme, Christine (Géraldine Pailhas) et son ami Richard (Francis Renaud) ne comprenne pas sa nouvelle obsession.
En parlant d’obsession, c’est là que le film devient carrément malsain. Le personnage de Daniel, en pleine recherche, se prend à imaginer que la gamine s’occupe de lui dans sa voiture, alors qu’il s’assoupit, épuisé par ses recherches près de l’endroit où elle a disparue. Un peu voyeur, le policier à la retraite suit Christine à son insu, l’observe avec ces amis au restaurant, et écoute avec attention le carnet intime à orientation érotique (enregistrée sur cassette) de la disparue. Rappelez-vous le drame qu’il a vécu et le bonhomme devient très louche. Les remords de Daniel semblent plus tenir de sa frustration que d’une peine véritable.
À vrai dire, on a rien contre les scénarios dérangeants, plongeant les protagonistes d’une histoire leur part d’ombre. On pourrait même trouver ça bien que le personnage soit ambigu. Ce que l’on aime moins, c’est que le personnage de la victime, à mesure des révélations de l’enquête, ne l’ai plus du tout. On ressort du cinéma avec le sentiment désagréable que Lamotte voudrait nous dire que l’aura l’a bien cherchée. Et Daniel, avec ces rêves équivoques, passe pour un redresseur de tort alors que ses méthodes musclées et sa passion pour l’enquête (ou bien pour Laura) devrait en faire un mec flippant sans autre ambiguïté. Ici, la morale de l’histoire, c’est que la gamine se comportait comme une garce et que Daniel n’en serait qu’une victime de plus.
Disparue en hiver bénéficie d’une réalisation très classique et ne renouvelle pas le genre, loin s’en faut. L’aspect cradingue du scénario faisant de Laura une manipulatrice du haut de ses dix-huit ans, passant rapidement à la trappe, la piste d’un ascendant masculin et pervers sur la jeune fille, en fait une fiction misogyne tout à fait dispensable.
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