Pour son premier film, Pascal Elbé n'a pas choisi la facilité : comment vivre dans une une banlieue difficile, comment, en tant que flic, y faire respecter la loi sans tomber dans la provocation ni tomber sous la provocation, comment, en tant que médecin, soigner sans être agressé, comment y élever ses enfants, etc. ? Dès le début du film, Pascal Elbé excelle pour installer une tension que l'on va ressentir pratiquement tout du long. Il sait fouiller les visages, fouiller les regards. On s'attache aux personnages, aussi bien Bora le jeune turc, à la fois responsable de l'agression au cocktail molotov d'un médecin pris pour un flic et héros national pour l'avoir sorti de son véhicule en flammes (Samir Makhlouf, assez convaincant), Atom, le flic d'origine arménienne, frère du docteur (Roschdy Zem, toujours excellent), Simon, le toubib (Pascal Elbé, bien dirigé par lui-même), Sibel, la mère de Borat, qui élève seule ses 2 fils (la toujours sublime Ronit Elkabetz) et un tas de rôles plus secondaires interprétés par une pléiade de bons comédiens (Florence Thomassin, Laure Marsac, Simon Abkarian, Monique Chaumette, Annie Grégorio, etc.). Tout du long, le film tourne autour des hésitations de Borat (on me traite en héros mais je sais que j'ai failli tuer un homme !) et des recherches d'Atom qui cherche à venger son frère. Finiront-ils par se rencontrer ? Pour finir, on ne m'enlèvera pas de l'idée que Pascal Elbé a pris un malin plaisir à faire jouer le rôle d'un français d'origine arménienne par un français d'origine maghrébine, une mère turque par une actrice israélienne, un jeune d'origine turque par un jeune d'origine maghrébine, une mère arménienne par une française "de souche" et un veuf qui en veut au médecin d'origine arménienne par un comédien d'origine arménienne. Un film qui refuse le discours moralisateur qu'on aurait pu craindre. Un nouveau réalisateur à suivre.