Pascal Elbé signe un sacré premier film, aux mille ramifications toutes maîtrisées. Ici, on comprend les conséquences que peuvent avoir un geste, un seul. Embarqué par ses copains, dans la folie du moment, Bora jette un molotov sur une voiture. Ce geste fou, irréfléchi, et dangereux, Bora ne l'assume pas, ne le comprend même pas, mais qu'est-ce qu'il lui a pris ? Autour de lui, des gens se retrouvent dans la souffrance par sa faute : la victime à l'hopital avec sa famille à son chevet, son copain pincé à sa place qui croupit en prison et la mère de ce dernier qui sombre dans la déprime, sa propre famille qui subit les assauts de vengeances des caïds du quartier... Tout s'entremêle, mais jamais ne s'emmêle, c'est avec un brio incroyable que le récit s'enchaine, sans temps mort, plein de justesse. Elbé parvient en 1h30 à parler des banlieues, de la police, des communautés turques, arméniennes, et algériennes, de l'aspect sacré de la famille, de la culpabilité, du remords, et de l'amour. Un sacré film, vous dis-je !