Mélodrame d'une forme parfaite, film dense et profond, Mirage de la vie l'est... et plus encore ! Le dernier long-métrage de Douglas Sirk, oeuvre testamentaire donc, est aussi un portrait des propensions humaines à la gloire, et par là même un portrait de l'Amérique qu'observe le réalisateur d'origine allemande. ""Un film grandiose et fou sur la vie et la mort. Et sur l'Amérique" avait dit Fassbinder, grand admirateur du metteur en scène. Dans Mirage de la vie, La célébrité et la réussite - c'est-à-dire le rêve Américain, ni plus ni moins - ne sont que des "imitations de la vie". Les acteurs, danseurs cherchant le succès ou bien l'argent ne font en fait que mener une vie d'apparence, pour cacher le vide de leur vie ou bien pour échapper à la responsabilité de faire quelque chose de sa vie. Un réalisateur qui critique son propre métier ? Non, car on voit bien que les "artistes" du film ne veulent aucunement servir l'art mais trouver la reconnaissance et les grandeurs, à l'image des diamants qui tombent doucement pendant le générique. Une fois atteints, ces rêves de gloire s'évanouissent - puisqu'ils sont atteints ! Laura, héroïne du film, doit alors faire face à la vanité de sa réussite, et tente tant bien que mal de quitter son milieu pour retourner au bonheur familial. Mais entre temps, la jeune Sarah Jane a elle aussi voulu atteindre l'impossible : renier ses origines. Blanche de peau, elle ne peut vivre en paix à cause de sa mère noire, qui lui cause bien des malheurs en société. Là, Sirk glisse mine de rien l'inquiétante réalité des Etats-Unis des années 50, raciste et ségrégationiste. Elle revient aussi, au final, et trop tard, à sa vraie nature - mais son dilemme aura été bien plus déchirant que celui de Laura : choisir entre l'amour d'une mère et l'acceptation en société. La société américaine empêche de choisir les deux, quand on est noir ou enfant de noir. (...)