Grand classique du cinéma hollywoodien de la fin des années cinquante, Imitation of life incarne la grandeur du cinéma américain, à la fois par son côté populaire et son intelligence remarquable qui font de Mirage de la vie la plus belle oeuvre de Douglas Sirk. Tout d'abord, il est le fruit et l'aspiration d'un autre long-métrage datant de 1934, celui de John M. Stahl, portant le même titre que celui-ci, mais dont le cinéaste gardera essentiellement l'analyse sur la relation qu'entretiennent une mère et sa fille. La grande différence réside dans une critique allégorique des États-Unis, notamment sur la question raciale et hiérarchique de la condition humaine, de l'amitié contre l'illusion du rêve américain. Lora Meredith, incarnée par l'éblouissante Lana Turner, vit une existence bourgeoise avec sa petite fille Susie. Un jour, sur la plage, elle fait la rencontre d'une femme de couleur noire, au nom d’Annie Johnson, où leurs filles se prennent à jouer par hasard ensemble. Cette séquence révélatrice illustre l'innocence d'un enfant à ne pas se lier avec une personne en fonction de sa couleur de peau; le monde des adultes, au contraire, en est l'opposition complète. Pourtant, une grande amitié va naître entre ces deux femmes et leurs deux filles. Toutefois, Juanita Moore, la comédienne à la peau foncée, deviendra la bonne de la maison, non pas par soumission, mais par besoin et grâce à son amie qui lui donne ce travail. Cette amitié sincère pulvérise les codes sociaux, mais l'image est frappante : malgré cela, un individu noir sert nécessairement un individu blanc. Par la suite, les filles et les mères vont grandir. Lora Meredith souhaite devenir une actrice, mais la rencontre d'un imprésario sans scrupule va dessiner sa carrière tel le destin d'une starlette. La parabole du rêve américain est un mirage. Sarah Jane, la fille d’Annie Johnson, refusera son statut d'enfant mise au monde par une mère noire. Pessimiste, beau, émouvant et libre; un chef d'oeuvre.