Robert Redford signe un thriller politique excessivement bavard qui ne répond guère aux attentes d’un public très pointilleux quant au travail d’un homme de cinéma tel que cette légende hollywoodienne. Sous surveillance n’est ni plus ni moins qu’un film de plus, largement oubliable, dans une catégorie de long métrage passablement épuisée, les grands noms du genre ayant déjà depuis belle lurette planté des jalons que Redford respecte scrupuleusement, jouant au premier de la classe en prenant le parti de ne pas en dire trop. Politiquement engagé sur une pente délicate, l’acteur et cinéaste préfère le temps présent aux explications quant au pourquoi. Dès lors, l’on suit une bande de vieux fugitifs ou d’ex militants surveillés alors que très peu d’information ne suintent de leurs passés respectifs, pourtant le centre de l’intérêt du film.
Robert Redford est trop sage, trop timoré pour savoir faire un film partant d’un fait politique américain quelque chose de captivant. Non content d’insuffler un rythme minimal à son œuvre, l’acteur, aussi derrière la caméra, n’a de cesse de brouiller les pistes. L’histoire avançant concrètement selon les découvertes du jeune fouineur, journaliste en herbe, incarné par Shia LaBoeuf, difficile de se plonger dans les traces anciennes de la Weather Underground, dont Redford est lui-même ancien membre, recherché pour un meurtre vieux de trente ans. Bien sûr, Redford ne pouvant endosser la jaquette d’un mauvais gaillard, le fond de l’histoire nous révèlera tout autre chose. Malheureusement, bon nombre de spectateur auront lâché du leste bien avant les révélations prévisibles finales.
Une nouvelle descente dans les tréfonds d’une nation de liberté belliqueuse, sur fond de militantisme conte la guerre du Vietnam. Quand le journalisme, les écoutes téléphoniques et les remords font que des personnages âgés se retrouvent poursuivis pour leurs actes de jeunesse, sans mention particulière à justement ses actes passé, l’on ne peut que constater qu’il manque des pièces au Puzzle. Les idées de Redford ne sont certes pas mauvaises, mais le bonhomme s’efforce de ne pas trop en faire, de ne pas trop en dire, lissant son image de cinéaste consciencieux mais incapable, en dirigeant un film, de la faire atteindre une stature similaire à notamment des films tels que ceux de Tony Scott, je pense notamment à Ennemi d’Etat. Redford pond chaque quatre ou cinq ans un film similaire au précédent, cela reflétant un peu la fainéantise des studios hollywoodiens d’aujourd’hui.
Quoiqu’il en soit, la seule mention du nom de Robert Redford ouvre les portes au financement des producteurs, l’homme attirant qui plus est avec lui un casting prestigieux long comme le bras. Si le bonhomme endosse le rôle principal, l’on ne compte plus les personnalité qui figure au générique, de Shia LaBoeuf à Richard Jenkins en passant par Susan Sarandon, Chris Cooper, Terrence Howard Brendan Gleeson, Brit Marling ou encore Anna Kendrick. Indéniablement, Redford est un nom prestigieux, à l’image d’un certain Clint Eastwood. Mais alors que le second aura toujours brillé, devant et derrière la caméra, le premier n’est pas capable d’offrir un cinéma aussi prestigieux. Reste à découvrir la performance de Redford dans le très attendu All is Lost de J.C. Chandor, ou peut-être, le vieil homme aura peut-être un rôle à la mesure de son nom. Tout est donc ici question de renommée, une renommée qui permet l’avènement d’un film correct mais franchement très basique. 07/20