Passé le très beau générique, simple et graphique, on comprend que le scénario de London Boulevard n'a aucun intérêt. En effet, cette histoire de gangster sortant de prison qui veut se ranger des voitures, croisant la vie d'une star diaphane, se contente d'accumuler les clichés. Mais heureusement le film propose d'autres occasions de ne pas s'ennuyer. London Boulevard peut se vivre comme un beau livre illustré. Cela tient d'abord à une mise en scène rapide et sèche à l'image léchée juste ce qu'il faut, presque graphique elle aussi, qui nous montre un Londres à la fois familier et secret. La BO omniprésente est ici un avantage. Très anglaise, donc très plaisante, elle crée presque à elle seule l'ambiance du film, relayée par les accents marqués des interprètes. Lesquels interprètes sont l'autre qualité du film : Colin Farrell, qui sait si bien jouer les durs avec une tête d'enfant, d'abord impassible, puis plus léger, toujours sexy, irrésistible quand il sourit ; Keira Knightley, maigrissime, très swinging london, parvenant à être émouvante malgré un rôle au summum du cliché ; David Thewlis parfait, tout comme Anna Friel, Ben Chaplin et Ray Winstone... une pleiade de comédiens britanniques qui ne peut que ravir les anglophiles. Si l'on en revient au récit, on regrette évidemment les clichés évoqués plus haut. Les 2/3 du film ne présentent vraiment aucun intérêt narratif, hormis deux scènes de confrontation entre le héros et le chef des gangsters. La dernière partie, plus ludique, presque burlesque parfois, laisse imaginer ce que le film aurait pu être avec un vrai parti pris. Lorsque le film se clôt sur un joli générique de fin, on se dit qu'on vient de passer un moment vide, un peu futile, mais pas désagréable...