Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain : cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. Pourquoi grandir alors que le monde des adultes semble triste, semé de déceptions et de chagrins ? Telle est la philosophie de Sutter, jeune homme fêtard et soulard. À peine séparé de sa copine, il va rencontrer Aimee, son parfait opposé.
Nouveau portrait générationnel pour les deux scénaristes de 500 jours ensemble. Vrai, sensé, sensible, touchant, charmant, la réussite de ces films intimistes vient évidemment de ses protagonistes, où l’on se souvient du maladroit Joseph Gordon Levitt, plus attachant que canon. C’est ici la même chose pour Miles Teller. Une telle empathie se dégage de ces personnages que nous avons l’impression de les connaître personnellement, depuis toujours.
Sur le point formel, The Spectacular Now recèle d’idées intéressantes. James Ponsoldt opère des plans longs (voire même des plans-séquences) uniquement lors de scènes cruciales, tel qu’un premier baiser, une déclaration officielle ou une première fois. Quant à la musique, elle joue un rôle important car elle fonctionne de manière minimaliste, par petites touches, afin que le public saisisse l’importance de sa douce mélancolie (ressemblant à une version instru’ des XX).
Ces deux adolescents semblent avoir été écrits avec une plume d’oie, tellement leur écriture est fine et précise. On comprend l’importance du modèle parental que chaque enfant encaisse à sa manière. L’absence de la figure paternelle entraîne chez Sutter un penchant pour l’autodestruction et de sérieux problèmes affectifs qu’il comble par l’alcool, un point qui n’est presque jamais abordé dans le film. C’est tant mieux car il n’y a pas besoin de discours d’une heure pour saisir les enjeux de cette question, les conséquences de nos actes y répondent parfaitement.
Parlons enfin de l’essence du travail de ces scénaristes : le couple. Dans The Spectacular Now, cette figure est paradoxale. Ils se détruisent ensemble par l’intermédiaire de l’alcool sans jamais en parler. Mais ils se construisent réciproquement et sont aussi en parfaite symbiose. Quand l’un doit affronter sa mère comme il ne l’a jamais fait, l’autre doit aller lui parler pour prendre son envol. Leur première est rencontre est sublime : à la fois anodine et symbolique. Sutter est raide mort, Aimee lui tend la main pour l’aider à se relever mais il ne la prend pas. Leur aventure peut alors commencer. Pour plagier une très belle œuvre, ce n’est pas une histoire d’amour, c’est un film qui parle d’amour, mais aussi de la vie, avec un grand et magnifique V.