Bette Davis, monstre sacré du cinéma américain s’il en est, explore dans «The Star» (USA, 1952) de Stuart Heisler les mouvements sentimentaux de la vie d’une célébrité. Ancienne lauréate d’un Oscar, Margaret Elliot (B.Davis) traverse une crise existentielle au terme de sa quarantaine. Cette «traversée du désert», comme en connaissent tant de personnalités du spectacle, lui permet de s’ouvrir les yeux à la réalité sociale telle qu’elle est. Au contact d’un homme banal (interprété par l’exceptionnel Sterling Hayden), l’actrice fait l’apprentissage des aléas fluctuants de la vie. Derrière cette initiation à la réalité, le méconnu Stuart Heisler développe, dans le rapport entre Davis et Hayden, une véritable poétique des relations humaines. «The Star» est peut-être loin de grandes œuvres philanthropes comme celles de Renoir, Kurosawa, Antonioni, Mizoguchi ou Hawks mais, à la mesure d’une production indépendante de Bert E. Friedlob Productions, réussit à tisser un fil singulier des accointances humaines. Bette Davis, dans un rôle curieusement biographique, fait encore et toujours l’exemple d’un jeu nourri par la pure passion, semblablement exempte de toute considération de bien paraître. La présence de la jeune Natalie Wood à ses côtés fait côtoyer, au cours de quelques scènes, deux grandes actrices du cinéma américain. Film américain sur le système hollywoodien, «The Star» ne risque-t-il pas de se cloisonner dans son seul milieu ? Comme le disent les adeptes béotiens de la formule rapide, non moins stupide, «The Star» ne risque-t-il pas de se «regarder le nombril» ? La rencontre que le film propose entre une célébrité déchue d’Hollywood avec un quidam, tout cela scellé sous une forme efficace, est travaillée mais peu singulière. Stuart Heisler tente la jonction entre deux régimes de réalité, celui du spectaculaire Hollywood et celui du modeste monde, tout en préférant, sur un mode mineur, l’esthétique discret des studios.