La mort frappe tous les hommes. Mais la vivre est affaire de solitude. Quand un proche disparaît, chacun se débrouille comme il peut. De ce constat, Julie Bertucelli choisit une approche sensorielle et douce. Lorsque son mari meurt, ce mari qu'elle aime, Dawn sombre. Ses quatre enfants, comme livrés à eux-mêmes, réagissent par instinct. L'aîné se sent chef de famille, le second se coupe les cheveux, le dernier se tait, et Simone, seule fille de la fratrie, se persuade que son père s'est réincarné dans l'arbre, immense, qui menace la maison de ses racines et de ses branches. Délicat dans sa mise en scène, sa narration et son interprétation, L'arbre se vit comme un conte dont le lieu d'action exotique, nous éloigne des habitudes occidentales de la mort. Pas de religion, pas de dieu, juste une croyance naïve, aussi absurde que puissante, croyance de Simone qui va bouleverser la vie du reste de la famille. Le film évite toute niaiserie et permet à chaque membre de la famille d'exister pour lui même et pour les autres. Près d'une mère perdue puis volontaire, chaque enfant va s'affirmer davantage, persuadé qu'il est seul à vivre le deuil. Que l'arbre vive réellement ou non, que la nature elle-même, son vent, ses tempêtes, agissent sur la famille, donnent du sens à ses actes, que l'on imagine un ailleurs surnaturel ou simplement poétique, ce sont autant de portes que le film ouvre sans rien imposer. Porté par une Charlotte Gainsbourg lumineuse et profonde, enfin mère pourrions-nous dire, épaulée elle-même par de jeunes acteurs au diapason, L'arbre, sans rien révolutionner, nous apporte ce "supplément d'âme" qui rend les choses plus douces, plus profondes, mais aussi plus légères. Un très joli film.