"Katalin Varga", coup de poing venu de nul part, s'impose déjà comme l'un des chocs cinématographiques de l'année, faisant la peau au
"Antichrist" de Von Trier en maintenant une tension psychologique et sexuelle insoutenable là où ce dernier se vautrait dans le trop-plein.
Ours d'argent au dernier festival de Berlin, et malgré cela distribué dans un brouillard médiatique total, ce film aux allures chamaniques
soutient avec force et sensualité une paire de personnages dont on est loin d'oublier les visages et leurs expressions de terreur profonde.
"Katalin Varga" saisit dans un élan primal la peur et la douleur du lien familial, du rapport au sexe et à la Nature. La représentation
presque native de chaque être, déambulant dans un univers originel peuplé de forêts sombres et de villages abandonnés, les accents bibliques plus suggérés que symbolisés, oeuvrent au final pour créer cette évolution psychologique et géographique. Road-movie du silence, thriller haletant, chasse intime, "Katalin Varga" ouvre ses perspectives pour n'en former plus qu'une : celle d'une expédition sans fond au coeur de l'être féminin. Les paysages se découvrent sous ces vibrantes dissonnances musicales formées par des voix christiques mais caverneuses. La mythologie du cauchemar et les divinités supposées planent sourdement tout au long du récit, comme si le danger immatériel, imprévisible, guettait cette femme et son fils en quête de liberté, et par-là même de justice. Recroquevillé dans un mysticisme hypnotisant, jouant des couleurs froides et des contrastes entre les HLM gris des banlieues et les forêt d'émeraude recouvertes du noir de l'âme humaine, cette oeuvre révélatrice des maux de la condition féminine des pays de l'Est en dis beaucoup plus que d'ennuyeux discours didactiques, et cela parce qu'il surprend et dérange (l'héroïne a le visage exaspéré d'une femme maltraitée qui a trop vécu, et à la seconde d'après, maquillée, aguicheuse, celui d'une séductrice empoisonn