Il y a derrière cette belle promotion parisienne l'objet du dépaysement qui a valu au film son Ours d'Or au festival de Berlin. Film péruvien (notons la rareté de ces contrées cinématographiques en France), "Fausta" est une histoire, ou plutôt une métaphore, un symbole plus qu'un film, de beaucoup de choses. Partant d'une trame casse-gueule dont on ne sait pas si elle tire vers le fantastique, l'absurde, le mélodrame ou la comédie, Claudia Llosa imprègne d'une bizarrerie sensuelle ce second film aussi puissamment érotique qu'il est entièrement suggestif. Par touches symboliques, parfois lourdes tant le film ne repose que dessus, parfois étonnantes parce qu'elles finissent par transgresser l'idée même d'un scénario, et le plus souvent assez fines, le fil conducteur prend vie comme par magie, l'inspiration de la cinéaste pour l'esthétique étant l'un des points forts de cette oeuvre singulière et rare. Mais l'esthétique reste ici concentrée dans une cohérence de langage qui a ses codes, non pas une débauche de jolies vignettes comme le font parfois certains metteurs en scènes ; la bonne surprise du film, c'est justement l'accord qui prend vie entre l'art (car "Fausta" est une oeuvre créative, accomplie, donc artistique) et la présence d'une matière sociale qui, ici, est évacuée de tout sentimentalisme au cordeau par l'utilisation d'un univers et des métaphores plurielles. Claudia Llosa nous épargne les misères quotidiennes et préfère la magie du cinéma aux leçons de morales rabachées, ainsi son film prend son envol original dans l'imprévisible parcours de Fausta. Exquise aventure au goût fruité et étrange, "Fausta" est la preuve d'un cinéma d'auteur qui incarne une lucidité et une inventivité mêlée avec beaucoup de style et de maîtrise. On peut parfois se mettre à chercher l'émotion à force que tout soit submergé par les codes, comme si jamais le film ne devait être direct avec son public, mais il y a là, comme ce même goût d'un fruit doux mais piquant, une chair fémin