Barbe Bleue adapté par Catherine Breillat ne donne pas un mauvais téléfilm, mais un résultat malheureusement mal maitrisé.
Parmi les points plutôt négatifs, l’interprétation. De manière générale le jeu des acteurs est froid, impersonnel, les sentiments et les émotions glissent mais n’accrochent pas. A la limite cela pourrait passer pour un parti pris artistique, le souci étant que dans un conte comme Barbe Bleue, ce sont bien ces émotions qui nourrissent l’œuvre. Par ailleurs, si la confrontation Lola Creton-Dominique Thomas est plutôt sympathique et convaincante (en dépit de la froideur que j’évoquais si avant), il y a quelques grosses erreurs de casting. Dans les rôles secondaires la plus notable est celle de Farida Khelfa absolument pas convaincante dans son rôle de mère supérieure. Elle surjoue de manière outrancière, et livre une caricature assez marquante car elle arrive très vite dans le film, ne donnant de ce fait, pas une très belle impression pour la suite.
Le scénario suit globalement l’histoire bien connue de Barbe Bleue. Je note une tentative alambiquée et finalement peu justifiée de dédoubler la narration avec une mise en abîme. Je note encore un rythme très lent, une gradation totalement absente avec une fin qui manque complètement de tension. Le récit est atrocement scolaire, fade, sans saveur. C’est encore plus académique dans sa narration que le cinéma de Benoit Jacquot, c’est pour dire. Les dialogues par ailleurs sont beaucoup trop pesants à tel point que les échanges paraissent vraiment artificiels, même pour un film d’époque.
Heureusement le film se rattrape un peu visuellement. La mise en scène n’est pas magnifique, c’est un fait. Il n’y a pas de grandeur, de majesté, d’audace, c’est là encore d’une sobriété minimaliste qui n’insuffle rien au récit. Reste quelques belles scènes de ci de là, notamment la dernière, mais c’est assez peu. Par contre je ne peux nier une très belle photographie. Il y a de beaux coloris, de jolis contrastes, un rendu des matières soigné, et une précision hyperréaliste qui donne une esthétique particulière au métrage. Les décors ont aussi bénéficié d’un réel soin, même si on sent clairement que le budget ne devait pas crever le plafond. Par ailleurs, Barbe Bleue est un métrage relativement accessible à tout publics, ce qui dans la filmographie de Breillat n’est pas rien. Pas d’érotisme, pas franchement de séquences violentes. La bande son est plaisante (sauf celle du générique bizarrement qui est mal fichue). Dommage qu’elle ne soit pas davantage présente tout de même.
Au final, Barbe Bleue version Breillat, c’est un film élégant, qui parvient à offrir visuellement un spectacle raffiné, mais qui pour le reste peine à tenir. Le casting est chancelant, l’histoire souffre d’un rythme morne, les dialogues manquent de naturel, la mise en scène est trop faible. Des défauts majeurs qui me font lui mettre 2.