Scott Cooper, après avoir brillé avec les très bon Crazy Heart et Out of the Furnace, revient avec son troisième film qui est cette fois-ci basé sur une histoire vraie. Ce film à tout les éléments en main pour être son plus abouti et ambitieux, que ce soit par le budget, le casting prestigieux et l'aspect film d'époque qui a pour but de retracer le destin d'un des gangsters le plus dangereux de son époque. On ressent donc très vite l'ambition de faire un grand film noire, comme sait les faire Scorsese, ainsi qu'une machine à Oscars viable. Tout un programme donc, qui tient globalement ses promesses mais ne les transcendent jamais comme la plupart des films pensé pour les Oscars. Le scénario suivra donc l'ascension puis la chute de James Bulger durant les années 70-80, et comme dans toute les histoires du genre on suivre plus ou moins la même structure narrative. On nous présente le personnage et l'univers dans lequel il évolue, ses troubles personnelles et familiaux pour l'humaniser puis au fur et a mesure de son ascension on s'éloigne de lui pour le présenter comme une figure mystique, menaçante et implacable. L'intrigue est donc très attendue et on reste globalement en terrain conquis, surtout que la narration fait le choix du témoignage de différents personnages entourant le personnage principal et ce structure avec différentes ellipses mais de manière linéaire, ce qui est aussi du déjà-vu. Néanmoins ici la formule se révèle encore une fois efficace même si elle est particulièrement ronflante. On suit l'ensemble sans déplaisir, surtout qu'en terme de dialogues et de personnages c'est relativement bien écrit, mais on n'est pas entièrement emballé par ce récit et notre intérêt a tendance à décliner vers la fin. Le casting est globalement impeccable même si Joel Edgerton a un peu de mal à convaincre dans son rôle, ayant une certaine tendance à en faire trop. Par contre ici, Johnny Depp est étonnamment impeccable, mettant de côté ses récents cabotinage pour offrir une interprétation froide et d'une justesse admirable. Il est accompagné d'acteurs talentueux qui font tous un travail formidable à l'image de Benedict Cumberbatch ou encore Dakota Johnson dans un rôle court mais intense qui permet de bien exploiter son talent. Pour ce qui est de la mise en scène de Scott Cooper, elle se montre comme le scénario, classique mais maîtrisée. Ce qui est le plus originale c'est l'approche choisi pour montrer le personnage, le filmant comme un monstre échappé d'un film d'horreur. L'ambiance se montre parfois oppressante et permet de rendre le personnage encore plus énigmatique et fascinant. La reconstitution de l'époque est excellente mais l'ensemble à aussi tendance à céder à l'académisme, que ce soit sur la photographie, la sélection musicale mais surtout le montage. Globalement il rythme assez bien le film mais on reste face à un rendu bien trop carré et linéaire pour laisser place à la moindre audace. C'est d'autant plus dommage car Cooper nous avait habitué à des choix plus tranchés et un nihilisme plus acerbe, ici on a l'impression qu'il est bien trop sage par rapport à ses précédentes œuvres. En conclusion Black Mass est un bon film, mais un film qui se contente de ne faire que le strict minimum. Est-ce vraiment dommageable quand l'ensemble se montre maîtrisé et efficace, offrant un agréable moment de cinéma ? En tout cas en dehors du manque d'originalité, il n'y a pas grand chose à redire finalement. C'est académique et très clairement une machine à Oscars, ce qui a ses limites mais c'est du travail bien fait, sans fantaisie certes mais tout à fait appréciable. Il reste quand même le film le moins réussi de Scott Cooper et en ça il se montre décevant surtout que ce n'est pas les moyens ni l'ambition sur le papier qui manquant. Après le point de vue horrifique se montre intéressant, la mise en scène maîtrisée, le casting impeccable et la scénario bien écrit, il n'y a donc pas de quoi bouder son plaisir car beaucoup de films ne peuvent pas en dire autant.