Continuant son ascension dans les hautes sphères hollywoodiennes après Crazy Heart, lauréat de deux Oscars (dont Meilleure chanson originale et Meilleur acteur pour Jeff Bridges), et Les Brasiers de la Colère, le réalisateur Scott Cooper s’offre un tout nouveau casting cinq étoiles en s’attaquant à un autre genre, celui du film de gangsters. Mais avec de grands titres tels que Les Affranchis et surtout Le Parrain, le cinéaste avait fort à faire pour marquer les esprits avec Black Mass (Strictly Criminal, franchement les traducteurs français…). A-t-il réussi son entreprise ?
Franchement, non... Black Mass a beau être le troisième long-métrage de Scott Cooper, le bonhomme n’arrive toujours pas à corriger son plus grand défaut : livrer des films à la mise en scène quasi inexistante. Et encore une fois, le cinéaste nous offre un long-métrage sans effet visible, sans prouesse technique… bref, un long-métrage qui parait bien fade ne proposant que des séquences plan-plan, la caméra ne filmant que les protagonistes lors de leurs faits et gestes. Quant au scénario, ce n’est pas bien folichon non plus. Ici, rien de bien nouveau si ce n’est une énième histoire d’un criminel lambda qui connait son époque de gloire avant de connaître la déchéance la plus totale. Certes, le protagoniste principal est travaillé comme certains seconds rôles, notamment en ce qui concerne la relation qui les unissant entre eux, mais on est bien loin du fun des Affranchis ou encore de l’exceptionnel pouvoir de fascination qui se dégageait du Parrain. Malgré cela, Black Mass parvient à séduire et pas qu’un peu !
Cela nous le devons surtout à l’un des membres de cette prestigieuse distribution. Si cette dernière réunit autant de grands noms tels que Benedict Cumberbatch et Kevin Bacon que de nouveaux comédiens prometteurs comme Joel Edgerton et Dakota Johnson, un seul d’entre eux vaut le détour en se présentant comme l’attraction principal de Black Mass. Ce phénomène, c’est Johnny Depp ! Abandonnant ses derniers rôles à la Jack Sparrow sans pour autant délaissé son affection pour les maquillages, le comédien sort enfin de sa torpeur en prouvant qu’il en a encore sous le capot. En effet, il livre une prestation dantesque, faisant de son rôle un être véritablement cruel et terrifiant. Depp s’impose avec aisance au point d’être effrayant par moment, portant le film sur ses épaules de bout en bout.
Et c’est peu de le dire car Scott Cooper, malgré sa mise en scène des plus classiques, fait tout pour aider Johnny Depp dans sa prestation, confirmant pour le coup son talent de directeur d’acteurs. Car tout dans le film, que ce soit des exécutions violentes en hors champ, des discussions tendues au possible, des séquences pourtant familiales qui renforcent son côté diabolique (le présentant comme un bon père de famille, ce qui le rend encore plus imprévisible et dangereux au lieu d’en faire l’éloge), le maquillage (teint pâle, crâne rasé, dents noircies…) et les jeux de lumière qui créent une atmosphère captivante sous tension (faisant flirter par moment Black Mass dans l’horrifique pur et dur) sans jamais délaisser une ambiance très 80’s, tout permet au comédien de transcender à chacune de ses apparitions à l’écran. Une très forte attraction se dégage de son personnage, ce qui fait le sel du film dans son intégralité et nous permet ainsi de nous divertir comme il se doit.
En général, on critique souvent les gens qui vont voir un film pour tel ou tel acteur alors que le plus important, c’est l’œuvre en elle-même. Mais ce coup-ci, je vous conseille de voir Black Mass pour son interprète principal et rien d’autre. Car honnêtement, le long-métrage ne serait rien (juste un film de gangsters de plus) sans sa tête d’affiche. Et cela, Scott Cooper l’a bien compris en faisant de Johnny Depp et de son rôle les définitions mêmes du crime (comme il est d’ailleurs dit dans le film). On attend de voir les nominations à la prochaine des Oscars, car je suis prêt à mettre ma main au feu que Johnny Depp fera partie des prétendants !