Ce film est pour moi un pur bijou de cinéma, et surtout une grande surprise parce que je ne m'y attendais pas du tout. On pourra observer une qualité première du réalisateur: un travail de documentation de fond, pour coller le plus possible à une réalité de violence et d'espoir. Un travail de fond qui va l'amener à diriger sa bande d'acteurs comme il l'aura vu de ses yeux. Leur sincérité est profonde, se ressent, et on entre à une vitesse incroyable dans leur jeu. Leur prestation est grandiose, sublime, superbe... Le travail de mise en scène est donc extraordinaire et amène quelque chose d'hyper réaliste, d'extrêmement sensible et (effectivement) grand public. Une autre grande qualité de ce réalisateur déjà hors normes: l'écriture. Il a tiré le meilleur des vérités qu'il a vu pour mêler une grande histoire d'amour propre au cinéma, une histoire amenée avec beaucoup de tact et d'éloquence. C'est ce scénario (je n'ai pas vu La vida loca), qui je crois crée un engouement plus fort pour Sin nombre, parce qu'ici, en plus de montrer une vérité des plus violentes et des plus importantes, le réalisateur nous amène à la rencontre de personnages très cinématographiques, et donne de ce fait bien plus envie que La Vida Loca. On appuiera également le fait que Fukunaga ne laisse pas de côté l'esthétique, en nous montrant des images très soignées, bien cadrées, avec de très belles couleurs qui nous emmènent bien loin de notre grisaille parisienne. Enfin, Fukunaga sait s'accompagner, et la musique du film, très belle, le rend d'autant plus poignant, et encore plus bouleversant. En fait, ce film est si âpre, si violent et intense, si beau et poignant, que les 1h36 passent à la vitesse de l'éclair, et je n'aurais pas été contre une heure de plus!!!