L'histoire est celle d'un jeune japonais, joueur de violoncelle pas assez doué pour faire carrière à Tokyo, qui retourne dans sa province natale. Il va trouver un peu par hasard un travail dont personne ne veut, car il est tabou au Japon : préparer les cadavres avant leur mise en bière. Il va d'abord l'exercer sans le dire à sa femme, puis ...
Vous allez me dire, brrr, comme sujet on trouve plus joyeux. C'est vrai en principe, mais Six Feet Under, pour les connaisseurs, a largement prouvé que les histoires de croques-morts peuvent être captivantes, marrantes, et même sexy.
Le film a ceci d'étonnant qu'il multiplie les changements de ton : pendant toute la première heure du film, les rires fusent d'ailleurs dans la salle. A la fin, ce sont plutôt les sanglots retenus et les reniflements discrets qui prédominent, mais sans que le pathos soit sur-exploité, c'est simplement l'histoire qui atteint une densité exceptionnelle dans la deuxième partie.
Le film doit beaucoup aux remarquables acteurs. Le jeune héros est d'abord à la limite du burlesque, puis il s'opacifie, gagne en profondeur tout au long du film. Sa femme, petite souris inexistante, va elle-même profondément évoluer. Le patron est formidable de hiératisme patibulaire, et tous les seconds rôles sont parfaits.
La vie provinciale japonaise est superbement montrée, dégageant une belle impression Tsutomu Yamazaki. Metropolitan FilmExportde naturalisme et de symbolisme à la fois. L'intérêt des scènes de mise en bière, documentaires au début, pittoresques au milieu, romanesques vers la fin, est sans cesse renouvelé.
Mais la qualité ultime du film est dans la perception qu'il donne de l'éternel sujet vie/mort, décliné très subtilement à travers de nombreux sujets (printemps/hiver, animal/végétal, mort des parents / abandon des enfants). Il montre d'une manière bouleversante l'emprise de l'amour sur la mort. A découvrir d'urgence.
D'autres critiques ici : http://chris666.blogs.allocine.fr/