Yojiro Takita vient de nous donner le film le plus étrange, le plus insolite, le plus profond, le plus poétique que l'on puisse imaginer. Daigo (Masahiro Motoki) est violoncelliste. Il joue depuis son enfance, poussé par son père qui aimait la musique mais a plaqué sa famille quand le petit avait six ans. Quand son orchestre fait faillite, il décide de retourner dans son village natal avec sa jolie épouse Mika (Ryoko Hirosue). Il va chercher n'importe quel travail, rencontre un vieux monsieur très grave (Tsutomu Yamazaki) qui dirige une agence de voyage, il s'agit d'accompagner... des voyages dans l'au-delà. Ce job, faute de mieux Daigo va le prendre mais en cachant tout aussi bien à sa femme qu'à ses amis d'enfance qu'il exerce un travail dégradant. Après des débuts difficiles Daigo et nous, spectateurs, découvrons une pratique belle, fascinante, qui est cette toilette faite en public, en présence de la famille, des amis. (Chez nous, le thanatopracteur travaille toutes portes fermées). Le visage, le corps sont délicatement lavés, les cheveux coiffés, le visage maquillé, le membres dépliés pour être reposés de la façon la plus gracieuse et naturelle, le mort est revêtu de ses kimonos dans un ballet gestuel poétique et précis, pour que tout soit absolument pudique. Il arrive ainsi a être très beau, reposé, paisible, alors la famille peut venir laver symboliquement son visage, l'embrasser. Le jeune héros comprend l'importance de son rôle social, il se met à l'aimer, ce métier, mais quand Mika apprend ce que son époux fait réellement, elle le quitte, mais reviendra, comprendra et Daigo se réconciliera même post-mortem avec ce père tant haï -lorsque par hasard il effectuera son ultime toilette. Drôle de sujet, drôle de film, complètement dépaysant, et qui en même temps nous touche au plus profond parce qu'il nous ramène à ce passage que notre civilisation occidentale ne sait pas, ne sait plus traiter, préfère occulter.