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    La Vérité sur Bébé Donge
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    Luuuuuuuuc
    Luuuuuuuuc

    11 abonnés 658 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 septembre 2023
    « Oh c’est une gamine (…) enfin, pour ce que je veux en faire, je la trouve très bien. »

    La Vérité sur Bébé Donge est le troisième roman de Simenon adapté par Henri Decoin après « Les Inconnus dans la Maison (1942) et L’Homme de Londres (1943). Si Gabin gabine déjà sur le chemin de son grand retour au cinéma, en riche industriel particulièrement sexiste et odieux, Danielle Darrieux interprète à la perfection son rôle trouble, à la fois piquante, naïve et sombre.

    Les meilleurs Simenon sont lents, tout le monde sait cela : il faut du temps pour découvrir la minutieuse peinture socio-psychologique des personnages. Cette fois, comme souvent, c’est au coeur de la bourgeoisie industrielle de province que nous plonge le récit, entre moment présent sans concession (les détails de l’hospitalisation de François/Gabin nous sont narrés cliniquement) et flashbacks mitigés entre le romantisme de Bébé/Darrieux et le cynisme de son époux. Le talent, pourtant peu novateur, de Decoin doublé du génie de Simenon, c’est de parvenir à donner, grâce à une direction d’interprètes à la fois cadrée, à la fois laissant libre cours à la personnalité de ses acteurs·trices, chair et sens à un propos qui pourrait, en d’autres mains, passer pour fade ou sans relief. C’est lent au début mais on veut savoir et on s’accroche. Alors, quand la narration se densifie, on ne voit plus passer les minutes et on en veut encore, toujours plus. Alors certes, aujourd’hui, le principe des flashbacks a vécu, à force de surexploitation, mais quand ils sont, comme ici, distillés et intelligents, on en redemanderait presque.

    Au final, cette œuvre un peu oubliée a tout du grand classique, pour l’interprétation et le rythme parfaitement maîtrisé, à l’image de la musique de l’éclectique Jean-Jacques Grunenwald. Une œuvre qui gagne en densité, en intensité, voire en violence, au fil du récit avec, cerise sur le gâteau, une rarissime interprétation de Gabin en homme à la fois haïssable et amoindri. Un récit miroir comme on en fait peu.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 182 abonnés 4 175 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 avril 2024
    La vérité sur Bébé Donge » d’Henri Decoin sorti en 1951 se place dans le creux de la carrière de Jean Gabin après qu'il est revenu précocement vieilli de son séjour à Hollywood et de son engagement dans les Forces Françaises Combattantes en avril 1943. De retour en France, il se rend très vite compte que les rôles de jeunes premiers ne seront plus pour lui, les Jean Marais, Daniel Gélin et Gérard Philipe l’ayant remplacé dans l’emploi. En attendant que « Touchez pas au Grisbi » (Jacques Becker) ne vienne en 1954 lui ouvrir grand les portes de sa seconde partie de carrière, il se cherche un emploi en tournant de 1946 à 1953 dans une quinzaine de films, souvent de très bonne facture mais qui ne parviennent à le replacer tout en haut de l’affiche.
    Danièle Darrieux ayant elle aussi fait un séjour à Hollywood qui s’est révélé assez décevant, est un peu dans la même situation que Jean Gabin au sortir de la guerre même si les fondements en sont un peu plus troubles. Henri Decoin qui jusqu’en 1941 était le mari de Danièle Darrieux adapte pour la troisième fois un roman de Georges Simenon. Autant dire que les circonstances qui entourent le film sont particulières avec des enjeux très forts pour le réalisateur et ses deux acteurs principaux.
    Paru en 1940, « La vérité sur Bébé Donge » brocarde sur fond de drame amoureux les mœurs compassées et étriquées de la grande bourgeoisie de Province. Henri Decoin qui ne suivra pas la fin relativement optimiste voulue par Simenon, livrera un film résolument noir qui devra beaucoup à la prestation d’une Danièle Darrieux au sommet de son art et de sa beauté que le réalisateur filme sans doute encore avec les yeux de l’amour. Jeune fille de bonne famille, Elisabeth D’Onneville dite Bébé, est séduite par François Donge dont le frère Georges (Daniel Lecourtois) va bientôt épouser sa sœur Jeanne (Claude Génia). L’industriel plus âgé, tout d’abord conquis par le romantisme échevelé et la naïveté juvénile de Bébé, retombe assez vite dans le cynisme qui est le sien et dans les aventures féminines qui ont jusqu’alors été son quotidien.
    Peu à peu Bébé s’étiole, se referme sur elle-même jusqu’à s’endurcir. Dix ans passent émaillés de vexations et même parfois de violences physiques. Le film s’ouvre sur l’image de Gabin sur un lit d’hôpital où entre la vie et la mort, il se remémore ce qui a pu conduire son épouse à l’empoisonner. Danièle Darrieux habillée d’une robe noire mortuaire, le visage de marbre apparaît alors régulièrement fantomatique face à son époux en qui elle voit celui qui lui a enlevé ses rêves d’un amour radieux et éternel. Avec une grande subtilité, Henri Decoin construit sa narration autour du chemin inverse parcouru par François et Bébé. L’une offrant un amour sans retour et l’autre ayant compris trop tard l’inanité de sa vie et à côté de quoi il est passé, cherchant la rédemption auprès d’une Bébé comme désincarnée, n’ayant plus rien à offrir.
    Film féministe avant l’heure « La vérité sur Bébé Donge » reste solide sur ses bases jusqu’au bout, montrant un François Donge qui alors qu’il implore le pardon ne parvient pas à retenir sa nature qui le pousse vers la destruction et le mépris. Sans doute le plus beau film d’Henri Decoin, « La vérité sur Bébé Donge » qui n’avait pas eu à sa sortie un succès public digne de sa valeur est aujourd’hui largement réhabilité et ce n’est que justice. Face à une Danièle Darrieux somptueuse qui inonde l’écran de son talent et de sa beauté, Jean Gabin qui conserve encore quelques-uns des atours de sa grand période d’avant-guerre, renvoie la balle comme personne n’aurait pu le faire mieux que lui, sachant parfaitement se positionner dans un rôle certes marquant mais aussi très ingrat. À voir d’urgence pour ceux qui ne connaissent pas le film.
    Gablivildo62
    Gablivildo62

    4 abonnés 116 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 31 mai 2021
    Pas le meilleur film de Henri Decoin ni le meilleur rôle de Gabin. Je suis déçu, Decoin m'avait habitué à mieux : "Les amoureux sont seuls au monde", "Retour à l'aube", "Premier Rendez-vous"... On s'ennuie pendant 75 minutes. Le film s'emballe ensuite, ce qui le sauve de la médiocrité. A noter, un rôle atypique pour Gabin, celui d'un goujat, volage et mari violent.
    selenie
    selenie

    6 250 abonnés 6 184 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 juin 2019
    Ce qui frappe d'abord c'est ce couple si différent, entre cet homme d'expérience, entrepreneur volage et cynique qui séduit une jeune femme belle mais naïve qui croit encore à la grande histoire d'amour. Ce qui frappe ensuite c'est que le temps tue les rêves... Au début on est donc dans un film romanesque qui s'enfonce vite vers le drame conjugal. On est happé par ce scénario méticuleux où on suit l'évolution des sentiments de chacun au fil des ans. A la fois touchant et tragique, pessimiste et plein d'acuité, le film est de plus enrichi d'une description de la haute bourgeoisie provinciale que n'aurait pas renié un certain Claude Chabrol des années plus tard... On peut aussi dire que ce film est l'antithèse de "Madame Bovary"...
    Site : Selenie
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 10 mai 2019
    Sur un scenario tiré au couteau, deux acteurs d'une parfaite justesse jouent sur les tourments de l'amour. Une réalisation impeccable accompagne ce petit chef d'œuvre de sensibilité, auquel un noir et blanc ajoute une nuance de nostalgie envers un cinéma de qualité que l'on devrait revisiter plus souvent.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 151 abonnés 5 135 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 avril 2019
    Une très belle alliance de la forme et du fond au service d’un thème plutôt ordinaire: le mariage raté.
    Mais l’épouse délaissée est tellement froide et distante avec une folle touche de romantisme qu’elle seule pourrait rendre le film passionnant.
    Évidemment Gabin n’est pas en reste avec ce soupçon de mépris de la femme.
    Ok y soupçonnerait presque un brin de surréalisme mais la mise en scène est subjuguante.
    Beau film
    Frédéric P
    Frédéric P

    15 abonnés 185 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 31 mars 2019
    J’aime beaucoup Henri Decoin (Les inconnus dans la maison (1941) avec Raimu, Non coupable(1947) avec Michel Simon, Les amoureux sont seuls au monde(1947) avec Louis Jouvet), mais là j’ai été un peu déçu.

    Jean Gabin campe un industriel de la tannerie qui se marie (sans conviction) par l’intermédiaire d’une entremetteuse à Danielle Darrieux.

    Le dispositif de ce film tourné en 1951 nous montre un Gabin sur un lit d’hôpital qui par des flash backs successifs nous fait comprendre ce qui l’a amené dans cet état.

    Le thème est le mariage bourgeois sans véritable amour et la vengeance d’une femme.

    Il y a un problème de rythme. Danielle Darrieux est très bonne en femme désabusée devenue totalement froide et criminelle. Mais l’ensemble ne prend pas. La réalisation reste impeccable mais quelque chose ne va pas.
    Reste que Decoin sait filmer son ex femme de manière splendide.
    In Ciné Veritas
    In Ciné Veritas

    89 abonnés 922 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 23 décembre 2018
    Dans La vérité sur bébé Donge, Henri Decoin met en images l’adaptation fort bien écrite par Maurice Aubergé du roman éponyme de Georges Simenon. Le film décline le portrait intimiste et féministe d’une femme incarnée par Danielle Darrieux. Le regard que pose le cinéaste sur son ex épouse est touchant. L’amour toujours présent transcende les plans qui mettent joliment en valeur l’actrice.
    L’autre intérêt du film réside dans la composition proposée par Jean Gabin. Dans un rôle qui lui sera peu commun, l’acteur interprète un mari violent, un homme négatif et pessimiste, mourant… de remords.
    soulman
    soulman

    86 abonnés 1 221 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 juin 2017
    Un film important de Decoin, où Gabin et Darrieux rivalisent dans l'interprétation de personnages pas si conventionnels dans cette société bourgeoise de province. Le montage a vieilli mais le propos reste assez captivant, essentiellement grâce à un parfait casting.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    121 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 25 avril 2016
    On sort là d'un cadre "Jean Gabin" bien défini depuis des décennies, ce qui laisse pour une fois de la place à l'écran pour un autre acteur, en l'occurrence une actrice et pas des moindres : Danielle Darieux. Elle ne se laisse pas écraser par la présence de Gabin et offre une piste pleine d'antagonismes, explorée avec un fort côté théâtral parfois hélas oppressant. L'oeuvre tente aussi maladroitement sa chance dans les flashbacks mais l'intrigue emmêlée harmonieusement a au final raison de la critique.
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    103 abonnés 1 830 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 janvier 2015
    Après une première demi-heure un peu brouillonne, ce long-métrage porté par Jean Gabin et Danielle Darrieux se structure très intelligemment. Tout en observant finement les mœurs et l'hypocrisie de la bourgeoisie de province, ce « faux film policier » adapté d'un roman de Simenon raconte de manière cruelle le naufrage annoncé d'un mariage unissant une femme amoureuse et romantique et un mari volage rongé par son ambition personnelle.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 14 janvier 2015
    ce film se démarque des films de l'époque tant il traite de manière non conventionnelle et moderne des rapports entre les personnages (sans doute parce qu'il s'agit d'une adaptation d'un roman de Simenon qui entretenait des rapports assez libres et cyniques avec les femmes à l'image du personnage interprété par jean Gabin) .le film est aussi d'une âpreté et dureté assez rare dans le cinéma. Néanmoins le côté très bavard et peu factuel du film m'a empêché de rentrer véritablement dans l'histoire. Contrairement à Thèrèse Desqueyroux ou Madame Bovary, on saisit assez mal le cheminement psychologique qui a amené bébé Donge a commettre le crime. Le film s'attarde sur les moments qui précédent et succèdent la première rencontre ou on voit Danielle Darrieux expansive et un peu maniérée s'exprimer sur l'amour et sur les moments suivant le crime ou désillusionnée, elle est devenue au contraire totalement hermétique mais les longues années qui séparent ces deux moments clés du film sont hâtivement traitées dans le film et ne permettent pas d'expliquer suffisamment l' évolution psychologique du personnage. D' ou un film au scénario un peu bancal et lacunaire mais néanmoins intéressant.
    Max Rss
    Max Rss

    198 abonnés 1 767 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 20 mars 2019
    «La vérité sur Bébé Donge», c'est avant tout le portrait d'une femme bafouée, hésitante, s'interrogeant sans cesse sur l'amour, la mort, sur la vie en elle même tout simplement. C'est une femme qui croit aux miracles tout en étant assez pessimiste. Nous sommes en présence d'une personne assez insaisissable aux réactions imprévisibles. Bien entendu, le principal atout de ce film, c'est son duo d'acteurs formé par Jean Gabin et Danielle Darrieux. Gabin est François Donge un homme assez volage ayant épousé « Bébé » plus par dépit que par amour, ce qui nous conduit finalement à une relation assez instable entre les deux protagonistes. Henri Decoin a d'ailleurs su donner une certaine profondeur psychologique à ses personnages. En revanche, le constat final n'est pas celui qu'on espérait. Certes Gabin et Darrieux sont très bons dans leurs rôles, l'histoire tient bien la route mais il y a quand même un petit goût d'inachevé. Peut être est-ce un film qui a trop vieilli...
    Guillaume836076
    Guillaume836076

    81 abonnés 126 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 janvier 2013
    Maintenant que j'ai vu "La Vérité sur Bébé Donge" je ne peux que confirmer que ce portrait "noir" d'une femme bafouée et humiliée, est, avec "Madame de..." et "Marie-Octobre", l'un des plus grands rôles de la grande Danielle Darrieux, qui prouvait vraiment ses talents pour le drame et la noirceur, au sommet de son talent dans ce rôle écrit pour elle par son cinéaste fétiche d'avant-guerre (et accessoirement son ex-mari): Henri Decoin.
    Ce dernier adapte un des romans de Simenon avec brio, car comme les romans d'Agatha Christie, ceux-ci le sont souvent mal et platement mis en scène. Ce n'est pas le cas ici.
    Decoin opte pour la construction en flash back et nous révèle la couleur dès le départ: François Donge (Jean Gabin), grand homme d'affaire, est officiellement hospitalisé pour intoxication alimentaire aux huitres, mais tout le monde sait que s'il est cloué là, dans ce lit, c'est à cause de sa femme Elisabeth, dite Bébé (Danielle Darrieux), qui semble avoir commis un acte irréparable: l'empoisonnement... Sauf que Donge, ne souhaite pas que l'on "inquiète" sa femme;;; histoire de sauver les apparences dans ce monde qu'est la haute bourgeoisie de province?
    Même si on a l'impression que Decoin maîtrise mal la transition des flash backs techniquement et patine un peu sur leur rythme au départ, notamment à cause des scènes d'exposition présentant les personnages et leurs mobiles de bases, -Decoin n'est pas Welles tout de même-, son intelligence est de faire "raconter" l'histoire par le mari "victime" de sa femme, cloué au lit, ne sachant pas s'il va vivre ou mourir...
    Toutefois on comprend très vite que les flash backs de la rencontre, du mariage et du voyage de noce sont nécessaires pour venir appuyer le message que Decoin veut faire passer dans son adaptation de ce très bon roman de Simenon: la victime n'est pas celle que l'on nous présente au départ, mais c'est bien Bébé qui a commis un acte inimaginable et que notre "morale" bien-pensante tenterait de "Juger" et "Condamner" directement et sans préavis, l'envoyant directement à l'échafaud... Du moins, au départ...
    Et il faut le grand talent de Darrieux, pour nous incarner une Elisabeth Donge contrastée, basculant peu à peu du romantisme échevelée et naïf -symbolisant sa légèreté dans les films d'avant- à la noire désillusion de n'être qu'une épouse "modèle" et faites pour le bonheur -"le bonheur vous va bien"- comme le lui dit chaque année Madame d'Ortemont (exquise Gabrielle Dorziat) lors du bal réunissant toute la bonne société, ne devenant que l'ombre d'elle-même, caricature pathétique de toutes ces épouses bafouées, humiliées et délaissées par leur époux, pour le triomphe d'apparences faisant "jouer" le rôle d'une potiche... Car pour François Donge (Gabin n'est pas en reste face à Darrieux), sympathique au demeurant, inconscient de son machisme égoïste et égocentrique, tout cela est bien "normal": il y a d'abord les "Putes" puis "l' Epouse" d'un côté et les "Maîtresses" de l'autre...
    Nous avons beau être en 2013, mais le point de vue de ce film de 1952, n'a absolument pas vieilli, et était certainement risqué pour l'époque en dénonçant de façon aussi noire la condition réservée aux femmes en général par les hommes...
    Chaque scènes où Bébé apparait dans son tailleur noir lors de ses visites à François à la clinique sont magistrales, Darrieux réussissant à nous faire passer par son seul regard et sa manière de se mouvoir et de parler, toute la noirceur désespérée et le vide béant de l'inutilité et l'absurdité de sa vie et de son acte, devenue une morte vivante, plus morte que celui qui va finir par le devenir...
    Des scènes finales qui dans le jeu et la mise en scène sont d'une beauté exceptionnelle, touchant au sublime... Le dernier face à face Darrieux-Gabin "Elisabeth, s'il n'y a plus d'espoir quand tout est perdu, qu'est ce que l'espoir? " lance Gabin, conscient du mal fait à Bébé, Darrieux hiératique et froide lui tournant le dos sans se retourner... Il y a des blessures qui vous laissent en vie physiquement mais qui vous tuent à jamais de l'intérieur...Alors lequel des deux est le plus monstrueux: celle qui a empoisonné ou celui qui a "tué" moralement ?
    Puis la scène finale, révélant une Bébé qui, responsable et lucide, qui accepte son destin, descendant l'escalier et montant la voiture du juge... Déchirant, tragique et sublime... Du grand art.
    TTNOUGAT
    TTNOUGAT

    592 abonnés 2 530 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 novembre 2011
    Un grand film sombre,désespéré, magnifiquement réalisé par Henri Decoin qui a judicieusement choisit son montage pour mieux nous faire ressentir les pensées de François Donge. Ce film est si profond qu'il pousse à lire le livre de Simenon pour mieux comprendre les motivations de Elisabeth dit ''bébé''. C'est l'inverse de ''Madame Bovary''quant au comportement d'Emma et c'est doublement l'inverse puisque pour madame Bovary, on passe du roman aux films dont aucun,contrairement à celui-ci, n'est parfaitement réussi. Je suis stupéfait de constater combien deux hommes (Flaubert et Simenon) ont su si bien comprendre les pensées existentielles de ces types de femmes. En tous cas, merci de nous les faire partager. Si le sujet principal est ici la passion féminine poussée jusqu'à la plus extrême logique, ce film est également riche par son contenu intellectuel portant sur la société de la haute bourgeoisie provinciale de l'époque. Le comportement du juge d'instruction étant particulièrement intéressant mais rien ne nous sera épargné. Coté cinéma Gabin et Darrieux sont merveilleux et parfaitement choisis en fonction de leurs talents et aussi ici de leur différence d'ages (13 ans d'écart). Les autres acteurs pâtissent un peu à coté, sauf Gabrielle Dorziat en marieuse qui garde sa forte personnalité. Decoin est un de nos très grands metteurs en scène qui a souffert bien injustement de la nouvelle vague, mais le temps rétablira un jour cette injustice.
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