Après les deux volets « Blanche-Neige » l'année dernière, « Hansel & Gretel Witch Hunters » il y a quelques semaines, et « Le Monde fantastique d'Oz » actuellement au cinéma, l'heure de Hollywood est réglée comme une horloge sur les adaptations cinématographiques de célèbres contes pour enfants. Aujourd'hui, un nouveau pas est franchi dans le genre avec le mélange croustillant de deux récits « Jack le tueur de géants » et « Jack et le haricot magique » pour une transposition ciné nommée « Jack le chasseur de géants ».
Le film, produit par la Warner et réalisé par Bryan Singer, devait à l'origine truster le box office l'été dernier, grâce à une date de parution en salles programmée en pleine période estivale comme le veut la coutume, mais le studio choisit de repousser la sortie pour deux raisons essentielles : ne pas subir les affres de la « concurrence » face au mastodonte « The Dark Knight Rises », distribué par la même major à la même période et retoucher les effets spéciaux ainsi que la 3D afin de proposer au public un long métrage de meilleure qualité.
Synopsis Allociné : Lorsqu'un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte d'entrée entre notre monde et celui d'une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu'il a ranimé une guerre ancienne ... Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. Luttant à la fois pour le royaume, son peuple et l'amour d'une princesse courageuse, il affronte les guerriers invincibles dont il s'imaginait qu'ils n'existaient que dans les contes. L'occasion, pour lui, de devenir une légende à son tour.
Après Kayser Soze (« Usual Suspects »), les mutants (la saga « X-Men »), les nazis (« Walkyrie »), le milieu médical (« Dr House ») et Superman (« Superman Returns »), l'artisan compliant Bryan Singer s'attaque aux géants des contes et offre un « Jack le chasseur de géants » divertissant, mais pas foufou pour autant. Ce spectacle familial d'heroic fantasy est en effet serviable et doté d’un savoir faire non négligeable dans l’enchaînement de séquences d’action d’anthologie, mais pâtit d’une utilisation écœurante de CGI, par ailleurs mal intégrés et mal maîtrisés – des colosses Herculéens assez hideux, créés en images de synthèse, au look rappelant l’ignoble Mr Hyde de la répugnante « Ligue des gentlemen extraordinaires ». Condamnons également un scénario très (trop) doux, en pilotage automatique, pourtant écrit par le vieil ami Christopher McQuarrie (« Usual Suspects », c’était lui) appelé à la rescousse en pré-production pour étoffer la trame de Mark Bomback (« Die Hard 4 : Retour en enfer », « Unstoppable », « Total Recall – Mémoires Programmées »).
Les réfractaires pourront en effet se délecter d’un côté poussif de l’aspect « familial » de l’aventure, lorsque Singer concentre une bonne partie de son énergie dans la narration d’une histoire très commune (et enfantine) de princesse amourachée d’un preux chevalier. Forcément initialement naïf, innocent, gauche et pauvre, le « fermier » gagne ensuite en force et en assurance pour devenir le brave que l’on connaît.
Incarné par le candide (mais très bon) Nicholas Hoult – érigé au rang des acteurs à suivre depuis ses apparitions récentes sur les écrans de cinéma (Hank McCoy dans le « X-Men Le Commencement » du collègue Matthew Vaughn, « Warm Bodies » encore à l’affiche), le jeune Jack dégage, il faut l’avouer, une certaine sympathie, voire nostalgie pour les personnages d’antan (Madmartigan de « Willow », ou le Jack de « Legend »), mais n’a pas le charisme d’un héros de blockbuster.
Le reste du casting est composé des accents Scottish de Ewan McGregor, acteur caméléon par excellence, capable d’enfiler la tunique de jedi comme l’habit de junkie, et de Bill Nighy, plutôt investis dans leur rôle ayant l’air de s’amuser comme des petits fous.
En revanche, on est déçu du cabotinage de Stanley Tucci, outrancier en méchant conseiller du roi au dessein incompréhensible, et de Ian McShane, pitoyable dirigeant du royaume.
Bilan : En attendant son retour derrière la caméra de la franchise X-Men pour « Days of Future Past », la suite de « X-Men Le Commencement » et de « X-Men L’affrontement final » (vous suivez ?), Bryan Singer joue la carte du fantastique et de l’heroic fantasy avec le gentillet « Jack le chasseur de géants », adaptation peu risquée de plusieurs contes bien populaires.