Christopher Thompson est resté longtemps dans l’ombre de sa mère en tant que scénariste et acteur, il se lance pour la première fois à la réalisation avec Bus Palladium, référence à la boite mythique parisienne véritable temple du rock et style yéyé des années 1960. On suit donc le parcours de petit groupe qui dans les années 80 décide de se lancer dans leur propre ascension. Il faut dire que contrairement à nos amis les américains, les scénaristes français préfèrent analyser d’avantage les situations, les personnages alors que les américains préfèrent apporter tout de suite sur un plateau une conclusion qui se veut bien souvent très discutable, basant l’ensemble de leurs œuvres sur du bons divertissements ayant toujours un succès auprès des spectateurs tandis que les films français sont plus dans la beauté de leurs œuvres, essayant de rendre ça aussi beau qu’une peinture… Bus Palladium serait donc entre les deux styles, l’histoire est déjà vu et très singulière mais les personnages et certaines scènes sont assez poignantes. En effet suivre l’ascension d’un groupe de rock est devenu courant au cinéma, voir des jeunes hommes gravirent les marches du succès qui sera vite terminée par les querelles amoureuses qui surgiront au sein de ce groupe de jeunes et autre conflits. Le film essaye de faire passer deux discours, le premier que le rock pousse au suicide et que les adolescents qui le pratiquent meurent plus jeunes que les autres mais le film montre qu’il est possible de réussir dans un milieu pas forcément fermé, fantasme de réussite d’une certaine classe de la société. Ce type de présentation aurait pu présenter les moments de répétition, l’écriture, le démarchage… bien que l’on voit durant le film quelques passages, Christopher Thompson les fait disparaitre au profit d’un groupe parfait, sans fausse note dont on nous demande bien trop rapidement d’être convaincus, en devenant même trop facile. Le groupe arrive à s’imposer rapidement dans une maison de disque où un des membres du groupe tombe amoureux de la patronne du label. On regrette aussi que les chansons « live » du groupe pourtant facteur important puisque c’est un événement qui permet d’être au plus proche du public mais aussi un très bon moyen de se faire connaitre est vite stopper en ne nous montrant que la moitié de la chanson.
On retrouve les éléments essentiels dans bon nombre de groupes : un leader charismatique ingérable, la directrice artistique ex-égérie du rock bref rien d’original d’autant plus que la musique que le groupe joue (chanté réellement par Arthur Dupont) tend plus vers le pop que le reste et ce malgré la guitare électrique et la présence de Philippe Manœuvre. Seule l’énergie sur scène nous rappelle que ce groupe vient de l’univers du rock car tout laisse supposer un groupe de pop, que ce soit la voix du meneur (sosie en plus petit de Romain Duris) proche de celle de Palmas, les paroles des chansons sentimentales et répétés sans arrêt. L’aventure que vie ce groupe, accepter une réalité différente pour chacun au détriment de leur rêve en communauté, fin des illusions lors de leur passage en âge adulte, tout cela rappelle le Péril Jeune (le film commence aussi de la même façon avec la perte d’un de membres du groupe), cassant d’ailleurs tout suspense durant le film étant donné que l’on sait déjà comment le film va terminer. On sera tout de même émerveillé par le jeu d’Arthur Dupont et de Marc-André Grondin, la fille se retrouvant dans le triangle amoureux devient vite énervante dont on ne peut croire que son charme et qui cherche la gloire par procuration puisse casser une amitié de longue haleine, on regrette aussi que l’ensemble des personnages manquent de maturité et de subtilité, ainsi Lucas joue le rôle du copain dévoué et timide, Manu meneur autodestructeur… les autres ne possédant que quelques répliques ayant aussi une particularité spécifiques mais s’efface devant les deux personnages principaux.
La musique ici est un moyen efficace de toucher les jeunes, Christopher Thompson essaye donc de les intéresser par un univers que les jeunes connaissent et se reconnaissent pour ensuite leur transmettre des messages profonds, la musique dans le film est assez prenante mélodieuse et contrairement aux autres films où la musique prend une place importante dans l’histoire est belle à entendre. Si ces musiques avaient été sorties, elles auraient fait un malheur à l’époque.
Bus Palladium aborde ainsi des sujets comme la jalousie, la dépression, comment surmonter le succès auquel on n’était pas préparé, les dilemmes…. Bref tous les thèmes que l’on retrouve dans les films où une histoire d’amour se peaufine, où un groupe n’est pas aussi solidaire entre eux qu’il n’y parait. Dommage que les thèmes soient beaucoup trop nombreux pour qu’ils soient exploités de façon efficaces, laissant parfois le spectateur perdus dans toutes ces préoccupations…
critique sur:cthiboy.blogs.allocine.fr