Probablement le film le plus transgressif des années 70. Dusan Makavejev surfe sur l’esprit post soixante-huitard, pour proposer un film qui veut bousculer l’ordre bien pensant et repousser les limites de ce que l’on peut montrer au cinéma. Pour cela il part sur un film mosaïque, emmêlant trois séquences différentes. Tout d’abord l’histoire de Carole Laure , Miss Monde, mariée de force à un milliardaire US, ( au pénis en or) ,famille dont elle s’échappera très vite. Elle fuira avec un black Mister Muscle, pour finir plus tard dans une communauté Reichienne . Il y a en parallèle Anna Prucnal capitaine d’une sorte de vaisseau fantôme, orné d’une tête de pirate, il vogue sur les canaux hollandais, Anna est un ange maléfique,elle recueille des petits garçons , puis Pierre Clémenti ( acteur culte des années 70) , et les plongent dans un bain de sucre sur son bateau. Il y a ensuite la vie d’une communauté Reichienne, où les individus sont encouragés à la pratique de réactions régressives ( scènes assez dures de retour au stade anal , avec urine, défécation, vomissements , allaitement régressif) . Carole Laure lors de son passage dans cette communauté, prendra une tétée et caressera délicatement un pénis !! On aura au final sa célèbre, et absolument culte, scène de bain dans le chocolat fondant .Quand on revoit le film en 2016, c’est vrai que c ‘est la scène la plus « belle »,et la plus marquante, son corps très sensuel luisant de chocolat au lait fondu. Le film est un mélange de prisme surréaliste, emprunt d’idéologie post révolutionnaire, et de transgression choquante ( il y a plusieurs images d’archives du massacre de Katyn par l’armée rouge, comme un exorcisme du rêve communiste). Certaines scènes sont à la limite du supportable : i.e. Anna Prucnal séduisant de jeunes garçons d’une dizaine d’années, passant nue devant eux, les envoutant, comme une mante religieuse. Cela ne serait plus admis aujourd’hui. Les scènes dans la « commune » libérée sont aussi « Border line », ragoutant, « violant » l’intime sur lequel il y a aujourd’hui consensus, (quoique cela rappelle un peu , la mode actuelle des chamanes en Amérique Latine, où l’on doit se mettre au plus mal, en prenant des champignons) . D’un point de vue cinématographique le film est assez banal, il est surtout le marqueur d’une transgression extrême, et reste un bon et intéressant témoignage de ce que furent ces années de libération et surtout d’expérimentation. Quelques moments très fort aussi, comme : Sami Frey en chanteur de Mexico , au 1er étage de la tour Effel , acclamé par le chef cuistot du Jules Verne , ( complètement loufoque), Carole Laure enfermée dans une valise et balladée sur le toit d’une voiture sur les Champs Elyssées., les scènes d’amour de Prucnal dans le sucre…. Un film unique en son genre, A voir pour comprendre une époque, et pour quelques scènes cultes.