N'étaient les téléphones portables qui interdisent de remonter si loin dans le temps, et n'étaient quelques rares palmiers poussiéreux entre aperçus, on se croirait dans un vieux film de l'Est, d'avant la chute du Mur : tout dans ce "Traînée" (ou "salope", ou tout autre nom d'oiseau de ce genre) est misérable, sale, laid, triste, et tout aussi plombant. Cette histoire resserrée sur Tamar, employée dans une ferme avicole sinistre d'un village reculé d'Israël et son pitoyable "harem" de 3 pauvres hères bas de plafond de son entourage (le prof d'éducation physique de ses 2 gamines à l'école primaire du coin, un voisin réparateur de vélos et le responsable de l'élevage), bouleversé par le retour d'un véto au pays, nouvel "abonné" de la jeune femme (le seul célibataire de la bande) est d'un ennui phénoménal, de sordides copulations (avec passages carrément pornographiques - les censeurs se mettent au goût du jour en n'interdisant qu'aux moins de 12 ans, mais il est vrai qu'on imagine mal un jeune public de toute façon se risquant à visionner ce pensum !) en plans fixes avec fonds flous sur la vacuité majuscule de la vie « campagnarde ». Sortir cette purge (qui se veut sans doute célébration de l’indépendance féminine, finissant en drame naturaliste) sous le titre racoleur de « La Femme qui aimait les hommes » est proprement honteux (pauvre Truffaut !). La vie lamentable de cette bouseuse nymphomane (et mère distraite, au minimum) ne méritait, ni d’être écrite, ni d’être filmée (c’est Hagar Ben Asher qui fait tout elle-même – cette rouquine aux airs éthérés de sujet préraphaélite qui ferait au physique une sœur très convenable pour NKM, Nathalie Kosciusko-Morizet, tient en effet aussi le rôle de la « Slut »). Vaguement « auteuriste » (cf. par exemple la « recherche » tenant à l’absence de musique, à une mélopée près), mais surtout LAMENTABLE !!!
Comment un film qui s'appelait à l'origine "La salope" est-il devenu "La femme qui aimait les hommes", mystère ? Pour "copier" Truffaut ? Peut-être ! Toujours est-il que ce premier film de l'israélienne Hagar Ben Asher est à la fois provocant et froid. Provocant par son sujet : une mère de famille célibataire qui aime le sexe et donner du plaisir aux hommes de son village. Froid dans sa réalisation. Le film aborde la question de la liberté : quand elle va trop loin, elle perturbe bien sûr la vie des autres : cf. le fameux "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres", mais ne perturbe-t-elle pas aussi sa propre vie ? Hagar Ben Asher devrait devenir une bonne réalisatrice si elle arrive à canaliser ses qualités de courage et d'audace tout en gommant ce qu'il peut y avoir d'inutile dans certains de ses provocations. On peut trouver ma critique complète sur www.critique-film.fr