Dans son genre, et bien dans son genre, Brazil est un film absolument déroutant, peut être pris pour un chef d'oeuvre absolu pour les uns ou pour un film sans queue ni tête pour quelques autres, quelque chose qu'on ne pourra pas leur reprocher car de tous les autres adjectifs qui peuvent qualifier ce conte incroyablement intelligent et déjanté sur le pouvoir de l'abstraction et du rêve, seul échappatoire que trouvera le personnage principal pour s'enfuir de la société futuriste totalitaire dans laquelle il vit, parmi lesquels qualiquatifs on peut trouver : hilarant, tragique, dérangeant, troublant, c'est bien l'adjectif "totalement fou" qui peut venir en premier quand on pense au film : fou dans son humour noir, dans son onirisme, dans sa complexité ou encore dans son incroyable modernité, dû en partie à sa direction artistique, qui rend chaque image captivante et poétique au possible et qui donne un voile protecteur à un classique dont les thèmes majeurs ne vieillissent pas non plus : la conquête éternelle de la beauté et de l'illusion de la jeunesse éternelle, l'enfer bureaucratique, l'océan de papiers administratifs qui nous envahit, l'état rendu fou par les attaques terrorristes... Mais Brazil c'est surtout l'histoire d'un homme simple, Sam Lawry, enfoui dans cette société et qui préfère se perdre dans ses rêves grâce auxquels il se mettra à la recherche d'une charmante jeune femme qu'il rencontre dans tous ses fantasmes (ne prenez pas le mauvais sens du mot). En dehors de l'aspect onirique et artistique du film, unes des grandes qualités dont a usé Terry Gilliam, qui était à l'époque à peine sorti des Monthy Python fut de faire ce mélange comme déjà dit plus haut de comédie absurde avec des scènes tout bonnements hilarantes dignes de ce qu'il pouvait faire avec son ancienne troupe avec Sacré Graal, ajouté à une dystopie très inventive bourrée d'idées originales, le film devenant de plus en plus sombre au fur et à mesure de l'avancée du long-métrage, qui se finit par un final magistral dans dix dernières minutes qui arrivent excellement bien à compenser tous les thèmes que le spectateur a vu défiler, tout en donnant envie de revoir le film avec les yeux grand ouvert. Cette profondeur dans les différentes facettes du film apporte un véritable divertissement aux deux heures et demi qui ne s'accusent de presque aucune longueur, tant on est fasciné par cet étrange succession qui font rejoindre de très près le rêve et la réalité comme s'il ne faisait qu'un. Uns des petits défauts du film est d'ailleurs de ne malheureusement pas proposer assez de séquences de rêve, ce qui est assez contradictoire par rapport au sujet du film. On remarquera tout de même un très beau travail sur la bande-sonore pour rattraper le tout, et des acteurs attachants dans leurs rôles, qui arrivent tous à nous plonger dans ce monde bien étrange qui reflète le nôtre. Mais au final, on peut dire plein d'autre choses, mais au fond, qu'est-ce que Brazil ? C'est tout simplement une claque, un film qui donne autant de bonheur à voir qu'à comprendre, un film OVNI intersidéral venant d'on-ne-sait-où, comme un rêve dévoilé à la réalité... Conclusion : Film imparfait, sans aucun doute. Mais chef d'oeuvre, assurément, Brazil réunit un univers inventif, dôle et quelque fois dérangeant au service d'une véritable expèrience visuelle unique et troublante mais qu'on gagne à voir même sans le comprendre. Un classique.