Il est des films comme cela, qui vous laisse pantois au possible ; ce, parfois en bien, et d’autres non, avec un sentiment désagréable arpentant vos pensées troublées. Mettons ça sur le compte de la perplexité pour certains, avec en tête de file le tarabiscoté Brazil du fameux Terry Gilliam, film dont je ne sais pas trop quoi penser au final. Alors oui, celui-ci arbore bon nombre d’éléments probants quant à son statut de long-métrage culte (1985), mais quand bien même, que c’est particulier ! Du côté de l’univers, il faut d’abord bien reconnaitre que l’imagination de Gilliam fourmille d’idées originales et loufoques en tous genres, donnant vie à une ville unique en son genre ; le cinéaste aborde également au travers de celle-ci énormément de thèmes, ce qui a pour mérite d’étoffer la réflexion autour d’un tel régime, paroxysme de la bureautique, voire du totalitarisme. Intéressant en soit donc, mais bon sang, Brazil part dans tous les sens ! D’autant que celui-ci est plutôt long, son visionnage est quelque peu laborieux, devant une telle œuvre insolite, saugrenue même ; en ce sens il s’avère qu’aux affres de la vie courante et des tracas administratifs vient s’ajouter les songes fantasmagorique du protagoniste principal, un dénommé Sam Lowry. Ainsi, celui-ci apporte avec lui une touche d’irréelle malgré tout bienvenue, car foutrement imaginative et débridée (bien qu’ayant grandement vieillie sur le plan visuel), mais il en ressort au bout du compte un récit capillotracté et pas toujours facile à suivre (non pas que l’intrigue soit complexe) ; bref, le tout fait mine de manquer de consistance, pour ne pas dire désincarné. Et tandis que la BO a le mérite de conférer au long-métrage un petit côté attrayant, on tique un peu concernant les divers personnages et interprétations : il advient en effet que le (presque) monsieur tout-le-monde qu’est Sam Lowry n’est pas forcément très attachant, voire même lourdingue par instants, alors que les autres protagonistes secondaires manquent cruellement de profondeur ; dans un même ordre d’idée les jeux d’acteur semble donc également manquer d’énergie, aucun ne m’a véritablement marqué, si ce n’est la composition de Sam par un Jonathan Pryce sans réelle saveur. Pour conclure, oui il est tout à fait envisageable de qualifier Brazil de film culte, mais celui-ci a à mon goût cruellement mal vieilli ; celui-ci ne m’aura en tout cas jamais emballé, car tout juste sympathique tout au plus. Reste un dénouement certes dérangeant mais captivant, et qui nous laisse, dans la lignée de l’essence même de Brazil, pantois au possible…