Bitch Slap est évidemment né dans la mouvance du diptyque Grindhouse de Rodriguez-Tarantino. Sans être génial, Jacobson ne s’en sort pas si mal.
Premier point, l’interprétation. Le film repose d’abord sur un trio d’actrices : Voth-Cummings-Olivo. Pas des noms très connus, mais elles assurent. Choisi d’abord pour être sexy, là-dessus il n’y a rien à dire. Elles ont du charme, et on peut dire que tout est fait pour les mettre en valeur (notamment une bataille a coup de seaux d’eau !). Néanmoins elles ont aussi une présence charismatique, et donnent toute le relief suffisant à leurs personnages pour faire transparaitre sans coup férir les différences profondes entre elles trois. Pour le reste du casting on a un Ron Melendez convaincant en policier, qui nous gratifie de quelques scènes sympas, et un défilé de têtes connues de ceux qui regardaient les séries Xéna et Hercule. Si Sorbo, Lawless et O’Connor font des apparitions, par contre Michael Hurst a une présence plus importante, et il est excellent, en particulier dans la longue séquence d’ouverture du film.
Le scénario de Bitch Slap est inégal. Il veut trop en faire, et comme la maitrise n’est pas suffisante, parfois il se plante. Il y a par exemple beaucoup trop de flashbacks dans la narration, ce qui finit par plomber le rythme. Le réalisateur aurait du se débrouiller pour les alléger un peu. De même le découpage est moyen. Il y a des séquences très longues par moment (celle du début, très tarantinesque par exemple), et d’autres beaucoup trop courtes en comparaison. Les transitions ne sont pas géniale non plus. Malgré tout dans l’ensemble le rythme est solide, le scénario est bien trouvé avec un réel suspens, les bons moments ne manquent pas avec de l’humour noir et de l’action. Les intentions sont là, la maitrise pèche un peu mais je pense que c’est prometteur.
Sur la forme, il y a de bonnes choses. La mise en scène de Jacobson est nerveuse, souvent solide, parfois neutre, tellement neutre que ca manque de piquant. La séquence lesbienne dans la caravane n’est de ce point de vue pas très bien conduite. Niveau photographie et décor c’est en revanche insuffisant, voir très insufisant. C’est surtout vrai des décors, où là il y a franchement à redire. Si dans les passages au milieu du désert ca reste suffisant compte tenu de l’intrigue, par contre les flashbacks sont monstrueux ! Qui a donc pu avoir l’idée de décors en image de synthèse ? Ils paraissent atrocement faux, ils n’ont aucune vie. Ca me rappelle certains de ces vieux jeux vidéo dans lesquels des acteurs bien réels jouaient des scènes aux milieux de décors numériques. C’est profondément laid, voir juste infâme. Les scènes d’action sont convaincantes bien que répétitives. Elles se tiennent surtout dans la deuxième partie du métrage, et c’est vrai que leur répartition assez inégale laisse un peu le spectateur sur sa fin au début, et le gave par trop à la fin. Je note que si Bitch Slap se veut Grindhouse, il reste en fait assez classique. Il n’y a pas une violence exacerbée, et ne vous attendez pas à ce que les filles se dessapent. C’est une constatation, cela n’engageant pas la qualité du film, même si on pourra regretter que le réalisateur n’ait pas poussé son idée jusqu’au bout. Enfin il y a une bande son convenable, et, je ne l’ai pas dit, mais un bon générique, bien que celui-ci au final soit assez déconnecté du métrage.
En somme, Bitch Slap est un film sympa, mais pas assez abouti. Ca se regarde, il y a des idées bien trouvées, et il n’est pas si mal fait, en sachant que le budget ne devait pas crever le plafond. L’inspiration Tarantino-Rodriguez saute aux yeux (à noter d’ailleurs la ressemblance de Cummings avec Rose McGowan ici). On sent une certaine générosité, qui passe d’ailleurs parfois par un racolage un peu lourdingue (le passage systématique de la caméra sur les seins des actrices avant leurs visages c’est éminemment sympathique mais à dose modérée). A voir, même s’il n’est pas exceptionnel, et Jacobson aurait clairement du dire niet aux images de synthèse !