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NicoMyers
56 abonnés
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4,0
Publiée le 22 septembre 2009
Cordialement invité aux Etats-Unis par la MGM après le succès de Blow Up, Antonioni fait sauter le capitalisme américain à la dynamite en guise de réponse ! Les "States" sont représentés comme une terre vierge sans cesse conquise par des exploiteurs-rapaces, prêts à construire quartier pavillonnaire au beau milieu de la Vallée de la Mort, dernier refuge de deux jeunes paumés, Mark et Daria. L'un refuse l'ennui des réunions d'universitaires révoltés mais immobiles et soumis au moindre mot signé Karl Marx, l'autre est une jeune fille qui part au beau milieu du désert pour "penser à la pensée". Antonioni nous offre alors leurs errements très érotiques dans la Death Valley, sans but ni raison, ce qui reflète pas mal le malaise de cette époque. Au final, Mark, déjà trop engagé, est comme rappelé par le conflit : il retourne à Los Angeles, attendu par des dizaines de policier pour avoir volé un avion privé. Daria, quant à elle, repart vers Phoenix, un "coin paumé", probablement sans révoltes. Elle ne peut qu'imaginer l'explosion du capitalisme dans une vision fantasmée, avant de repartir vers le soleil. Antonioni met donc son style unique, fait de temps-morts et de scènes désarticulées, au profit des jeunes Américains des seventies, et livre encore une très belle oeuvre.
Après Blow out, son opus londonien, voici qu'Antonioni se lançait à l'assaut de l'Amérique. Zabriskie Point est une quête désanchantée vers une société meilleure, portée par l'amour improbable et fulgurant entre Mark Frechette et Dalia Harprin dans les vastes étendues désertiques de la Vallée de la Mort. Enigmatique et fascinant !
"Zabriskie Point" commence par une scène d'AG, en Californie à la fin des années 60. Horreur. Je craignais que le film dure 1h40 de cette façon, Antonioni étant réputé difficile d'accès (c'est la première fois que je vois un de ses films). Finalement, le personnage principal masculin, suite à un échange de coups de feu auquel il n'a pas participé, est obligé de fuir dans le désert. C'est là que le film commence vraiment. Il rencontre une jeune femme. Ils font l'amour lors d'une des plus belles scènes érotiques que j'ai pu voir, sur une excellente musique de Jerry Garcia (des Grateful Dead). Il ne se passe pas grand chose d'autre, hormis le final, grandiose et anarchiste. Antonioni filme merveilleusement la Vallée de la Mort. Ce sont d'ailleurs assez souvent des cinéastes européens qui filment le mieux les grands espaces américains (on en a encore eu la preuve récemment avec Sorrentino), avec un regard peut-être moins blasé, plus porté par le fantasme. Magnifique film.
J'attendais beaucoup de ce Zabriskie Point : l'ère psychédélique, la contestation, l'engagement, Pink Floyd, l'Amérique, cela semblait être un cocktail merveilleux. Hélas, je ne suis pas du tout rentré dedans. Le manque de propos, de fond, du film m'a désarçonné. Malgré une scène d'ouverture intéressante et quelques séquences assez hypnotiques, le film traîne en longueur, ne raconte que peu d'histoire et ne connaît aucun moment fort. De plus, la froideur et l'insensibilité de ses personnages rendent le film encore plus insipide. Bien qu'Antonioni ait un regard bien à lui et que ce film soit plein de bonnes intentions, il ne m'a pas procuré de grandes sensations. Il reste et demeure néanmoins un film important à voir
Le génie d'Antonioni éclate pour une fois au grand jour : nullement adressé à une élite (ce qui était le cas de sa trilogie "Monica Vitti", mention spéciale pour La Nuit), Zabriskie Point relate des évènements de la tendance contestataire de la fin des années 60. Des scènes marquantes s'enchainent les unes après les autres, l'avion et ses dessins psychologiques, l'amour dans le désert, et enfin le final étourdissant : ce film s'achève magnifiquement avec le rêve de la fille, qui imagine l'explosion d'une villa luxueuse représentant toute la société qu'elle rejette, bourgeoise et conformiste, sur un sublime morceau de rock progressif dû au groupe mythique Pink Floyd. Le seul film de Michelangelo Antonioni que l'on peut voir en boucle sans se lasser.
Des gros plans sur des visages d’étudiants, sur des doigts levés et des cheveux longs nous embarquent directement vers la fin dans années 1960 aux Etats-Unis. Noyée sous une lumière jaune, l’assemblée générale ressemble à un brouhaha, dont la longue focale entasse les étudiants dans leurs revendications, dans leur jeunesse en pleine crise existentielle. C’est la frustration et le désir d’utopie des jeunes contre l’Amérique de surconsommation que filme Antonioni dans Zabriskie Point, une oeuvre intemporelle, tant par son esthétique que par son appel à la liberté.
Son échec à sa sortie démontre l’avant-gardisme de son créateur, qui met en opposition deux mondes, la ville, lieu de l’incommunication, et celui du désert, lieu de tous les échanges possibles.
Pour lire la suite: http://quaiducinema.wordpress.com/2011/02/15/brulot-anti-capitalisme/
Pur chef d'œuvre. Sur le plan formel, l'œuvre est un bijou : mouvements de caméra audacieux, travellings d'une finesse désarmante, images d'une très grande beauté. Mais c'est surtout le génie du montage qui frappe d'emblée dans le film de Antonioni. S'ensuit un rythme complètement saccadé, bourré d'énergie qui confère à Zabriskie Point une ambiance assez tripesque, truffée de trouvailles visuelles en tous genres (le final, superbe). Mais outre la virtuosité évidente de Antonioni derrière la caméra, Zabriskie Point demeure un objet décalé, décapant et subversif, baroque et magnifique. Une véritable perle qui évoque autant Blow-Up du même réalisateur que les Badlands de Malick. Absolument génial.
Une oeuvre d'une rare intensité qui repose sur un duo d'acteurs transcendants leur personnage, une BO envoutante, des décors magnétiques et un plan final au ralenti qui m'émerveille encore aujourd'hui. Restera quelques petites longueurs venant parasiter l'osmose parfaite qu'il y aurait pu avoir. Dommage.
Il y a 2 parties très distingues dans ce film : une première partie super positive, avec des scènes magnifiques, comme la scène culte de sexe dans le désert. Tout dans cette première partie fait sourire, elle rend heureux, c'est esthétiquement splendide, c'est juste Magnifique. Puis il y a le retour du personnage principal à l'aéroport, et là se produit un drame que je n'aurais jamais soupçonné, et qui change totalement l'ambiance du film. Là débute la deuxième partie, plus triste, plus noire, qui prête moins à sourire mais qui est toujours aussi belle esthétiquement. Puis, comme en réponse à la magnifique scène de sexe, la revanche de l'actrice principale, la scène de l'explosion, peut-être un peu longue, mais de nouveau particulièrement soignée et visuellement très très belle. Les deux acteurs principaux sont excellent, et j'ai vraiment eu un coup de coeur pour la magnifique Daria Halprin! J'ai d'ailleurs été très surpris que ce soit son seul film! Je trouve ça assez incroyable... "Zabriskie Point" est en fait un véritable bijou du 7ème art, un road-movie fabuleux totalement en phase avec son époque, montrant les Etats-Unis plongés en pleine guerre du Viêtnam, et dans laquelle les manifestations des étudiants sur les campus universitaires étaient sauvagement réprimées par l'administration de président Nixon, c'est d'ailleurs par une manifestation que commence l'histoire. Chef d'oeuvre!
Après le Londres de Blow Up en 1966, Antonioni continue à témoigner de la réalité de son temps et part filmer la société américaine des années 70. Contestations étudiantes, racisme, violences, omniprésence policière, posent le décors d'une société qui oppresse et aliène les individus. Toujours très attaché au thème de la déshumanisation à l'oeuvre dans la société occidentale, Antonioni porte un regard ironique sur l'Amérique et inhabituellement politisé chez ce cinéaste. On lui a alors reproché de faire une démonstration trop explicite, simpliste et de dresser un portrait caricatural de l'Amérique. Un procès à mon sens injuste, non seulement parce que la caricature n'en n'est pas vraiment une, mais qu'en plus, Antonioni use d'un humour salvateur qui libère le propos de toute lourdeur. Qu'elle soit révolutionnaire ou ancrée de plein pied dans le système, la jeunesse apparaît comme perdue, et rêve d'un ailleurs que la société ne lui autorise à atteindre que par l'imagination et l'art. Pour éprouver réellement cet ailleurs, qui n'est autre qu'un mélange de vie, d'amour et de liberté, Daria et Mark choisissent l'évasion hors de la société, en plein coeur de la Vallée de la mort. C'est au cours de cette errance hypnotique au milieu d'un désert magnifié par la caméra d'Antonioni, qu'éclate la première révolte fantasmée de Daria: une ode à l'amour fou, à l'extase sexuelle et sensuelle donnant lieu à une scène fabuleuse, d'une poésie visuelle extrêmement vibrante et justifiant à elle-seule le visionnage du film. Puis, comme à son habitude, Antonioni nous gratifie d'une séquence finale époustouflante: une vision fantasmée de l'explosion de la société, véritable chorégraphie de la destruction qui scotchera littéralement le spectateur à son fauteuil. Moravia expliquait qu'il s'agissait là d'un final prophétique, la vision eschatologique d'un feu moraliste. 30 ans après, l'actualité redonne sens à cette analyse. Et 30 ans après, Zabriskie Point reste un chef d'oeuvre.
Film un peu prisonnier de son temps mais quelques belles scènes du maître italien et globalement un bon témoignage de cet époque. Les acteurs sont épatants. Un poil en-dessous de "Easy Rider" mais la fin relève de celle de "Apocalypse Now" (du moins dans la version du générique final le plus complet). C'est peu dire. Merci au cinéma de la rue des Ecoles "Jacques Tati" à Paris de nous le repasser pendant si longtemps !