La comédie française a depuis quelques années été partiellement trustée par une drôle de bande, que l’on pourra appeler pour simplifier la Canal connection. Des auteurs de sketchs issues de troupes maison, pas mauvais au demeurant, qui ressentent l’irrépressible besoin de sortir de la petite lucarne pour aller s’étaler sur les écrans de cinéma. Mais un bon clown sur dix minutes fait-il forcément un bon auteur de comédies ? Non, évidemment. Pour un Alain Chabat qui a souvent réussi à tenir la distance, combien nous faudra-t-il subir de fausses comédies bâclées ? Les derniers mois nous en ont donné des exemples éclatants, avec le film de Fred Testot (Omar et Fred), celui de Maurice Barthelemy (les Robins des bois), de Kad Merad (Kad et O) et aujourd’hui celui d’Olivier Barroux (Kad et Olivier aussi). Et il est incroyable de voir avec quelle régularité ces comiques recyclent les mêmes recettes et les mêmes erreurs : une idée qu’on étire laborieusement sur deux heures, une gentillesse et des bons sentiments peu appropriés à une comédie, des personnages simplistes et peu écrits et un insupportable défilé de guest-star maison venus rappeler à tout le monde que tout ceci n’est qu’une grande famille.
Ici la bonne idée est donc de faire débarquer une famille de ploucs absolus à Monaco, après qu’ils aient gagné une fortune au loto. Le choc des cultures donnera lieu à une évidente série de malentendus : d’abord horrifiés par la horde de prolos qui viennent salir leur rocher, les autochtones finiront par apprécier cette bande de dégénérés un peu spéciaux, mais qui ont un cœur gros ça. (ben oui, les pauvres sont sympas et généreux et les riches égoïstes et froids, vous suivez ?) .
Le problème, c’est qu’Olivier Barroux n’a pas grand-chose à nous mettre sous la dent une fois arrivés à Monte-Carlo à part une litanie de scènes attendues et pas forcément bien traités. Vite à court d’idées, il tire sur la corde en développant des fils narratifs assez peu intéressants (l’arnaque, le fils surdoué, le divorce des voisins, les flirts de la fille aînée), et en se concentrant sur la famille elle-même au lieu de filmer ce qui aurait vraiment été drôle : les monégasques épouvantés.
Résultat : on ne rit pas beaucoup et on finit par être franchement gênés par cette trop grande bienveillance et cette avalanche de lieux communs (il faut rester soi-même, un père n’est rien sans ses enfants, l’argent ne fait pas le bonheur, gnagnagna) là où le sujet appelait de la méchanceté et de l’insolence. On se demande ce qu’aurait fait un Chatillez de la grande époque (La vie est un long fleuve tranquille, Tatie Danielle) avec une telle famille lâchée dans un haut lieu de la jet-set et de l’opulence. Pour faire simple, vous avez vu la bande annonce, vous avez tout vu, autre point commun de la plupart des films cités plus haut.
Olivier Barroux est fier de déclarer qu’il choisit ses acteurs d’abord pour faire des films « avec ses potes ». Cher Olivier, rends-toi service et nous avec : choisis ton scénario et tes acteurs pour faire un film qui plaise aux spectateurs. Tu t’amuseras un peu moins pendant le tournage, mais nous, on s’emmerdera un peu moins une fois dans la salle.