Franchement voilà un très honorable film d’action SF que ce Dredd, dans une version très différente de celle de 1995. On est ici clairement dans une orientation Robocop, et le résultat est décapant.
Coté prestation Urban se débrouille bien, même s’il est difficile de juger sous son casque son interprétation. En tous les cas il est un héros badass convaincant, et parvient sans grande peine à imposer un charisme de bon aloi au milieu de cet ensemble très viril. A ses cotés Olivia Thirlby est une vraie surprise. Je ne connaissais pas l’actrice, mais elle est très intéressante. Non seulement elle joue bien, mais elle apporte vraiment une belle émotion à ce film, il faut le dire, très bourrin. Tandis que le manichéisme prédomine ici, c’est sympathique de la voir évoluer avec plus de subtilité, et je crois que le spectateur trouvera un vrai point d’attache avec elle, car elle semble jeter sur cet univers un regard mélancolique et triste, malgré un certain optimisme, et je crois que tout un chacun aura des considérations approchantes. Les méchants sont très méchants, et mené par la redoutable Lena Headey, qui, bien qu’entourée de ses gros bras, ne manquent pas d’en imposer. Dans l’ensemble le film est bien interprété, et cela malgré généralement des personnages très caricaturaux.
Le scénario est efficace. Action pure et dure, aucune prise de tête, ça canarde, ça bastonne, ça se tabasse joyeusement, Dredd remplit son cahier des charges, et livre un spectacle brutal et décomplexé. C’est très régressif, c’est clair, mais honnêtement qui regarde Dredd pour autre chose ? Les acteurs s’amusent bien, le rythme est décapant, les scènes ultra-violentes ne manquent pas. Toutefois il y a un manque de surprises évident, un final un peu décevant quand même, et des clichés pénibles (les méchants passent leur temps à discuter avant d’éliminer les juges, et forcément ça leur retombe sur le nez).
Visuellement Travis emballe un produit soigné et tout à fait convaincant. Sa mise en scène est propre, ses effets de style sont justifiés (liés à la drogue pour les ralentis par exemple) et ne rendent pas mal du tout, il exploite bien les décors (les plongées et contre-plongées dans ce building gigantesque) et Dredd dispose de scènes d’action solide quoique pas exceptionnelles. Les décors font surement trop confiance aux images de synthèse, pas toujours très réussies et parfois approximatives, mais n’oublions pas que Dredd n’a pas le budget d’un blockbuster. Donc inutile de le comparer à des superproductions à plus de 100 millions, alors qu’ici on ne dépasse pas les 50. Quelques plans globaux sur la ville par exemple sont un peu légers quand même. Reste que c’est suffisamment bien fait pour ne pas choquer. La photographie n’a peut-être pas le côté poisseux et glauque qu’on pouvait attendre. Alors Dredd est clairement un métrage ultra-violent, réservé à des spectateurs avertis. Mutilation, corps explosés, balles qui font de beaux trous, c’est sanglant. Un petit abus de sang numérique cependant affadit quelques scènes. Enfin la bande son très hard et tout à fait bien vue ici et accompagne intelligemment les scènes d’action.
En clair moi j’ai bien aimé ce Dredd, genre de série B pas prise de tête qui passe, pour l’amateur du genre, sans problème. La vraie bonne surprise ici reste Olivia Thirlby (pour Urban c’est un acteur constant que je connaissais et qui se débrouille toujours bien en général), qui vient en fait donner un peu de relief à l’ensemble. Toutefois Dredd à de vraies qualités à faire valoir sur le plan de la réalisation et au niveau visuel. Il remplit le cahier des charges, et je lui accorde 4. Plus ce serait tout de même oublier que Dredd aurait pu être doté d’un scénario plus original et moins perclus de lieux communs.