Dix-sept ans après la première adaptation du comics de Wagner et Ezquerra avec Sylvester Stallone, revoici le juge-bourreau-exécuteur masqué le moins souriant du monde, Dredd, qui revient avec un nouveau film plus fidèle, plus violent mais surtout plus simpliste. En effet, le long-métrage possède une trame pour le moins très sobre où nous voyons notre grand gaillard, accompagné de ce qui deviendra sa fidèle sidekick Anderson, pris au piège dans un building rempli de malfrats armés jusqu'aux dents, obligés de se serrer les coudes pour en sortir vivants et éliminer Ma-Ma, l'horrible maîtresse de maison psychotique... Si le pitch ressemble énormément à celui de The Raid, ce dernier arrivait à nous époustoufler grâce à un parti-pris détonant pour l'action et une certaine maestria visuelle qui nous en mettait plein la vue. Ici, c'est un peu le contraire. Confiée au peu impliqué Pete Travis (Angles d'attaque), la mise en scène s'avère contre toute attente très pauvre, au rythme particulièrement inégal et à l'univers futuriste peu visible car pas vraiment avantagé. Quelques flingues high-tech et basta, le réalisateur préférant faire mariner son film dans un côté réaliste certes bienvenu mais hélas assez cheap. Nous livrant quelques plans léchés en slow-motion et une poignée de séquences explosives assez sympathiques (notamment le dézingage d'un étage entier à la Gatling), Travis n'arrive cependant pas à nous émoustiller suffisamment pour faire de Dredd une adaptation vraiment mémorable. Le gaillard avait pourtant toutes les cartes en main : un univers sale et désespéré teinté d'une violence nihiliste à la Verhoeven qu'il tente d'instaurer en vain, des acteurs pour le moins charismatiques et un budget conséquent. Hélas, hormis deux/trois plans vraiment dégueulasses et vraiment impitoyables, le film reste dans la case produit DTV sans panache, le réalisateur venant essentiellement du petit écran, le résultat se voit clairement à l'écran. On ne blâmera donc pas le casting, très attrayant, allant du monolithique Karl Urban, parfait pour le rôle-titre, à la très sous-exploité Lena Headey en méchante dingo en passant par la jolie Olivia Thirlby, bien plus convaincante en sidekick médium que l'horripilant Roy Schneider dans le film de Danny Cannon. Ainsi, malgré une certaine satisfaction discrète et quelques bonnes idées, ce reboot sonne comme handicapé par une mise en scène n'allant pas plus loin que le bout de son nez, les longs silences et autres marches inutiles et rébarbatives dans l'immeuble ne boostant pas assez cette nouvelle adaptation qui s'annonçait comme résolument épique. Regardable mais très facilement oubliable.