Quand on a pas d'imagination, on copie le dictionnaire. Cette citation de Baudelaire peut formidablement bien convenir au 7ème art et plus particulièrement au réalisateur de La meute. Regroupant dans son esprit les motifs récurrents qui ont fait la force du cinéma américain d'horreur durant ces 40 dernières années et tentant de les implanter maladroitement en France, Frank Richard (ou plutôt Pierre Richard tant l'absence de qualités du film confine à l'humour) se complait dans un flot de références maladroites.
Les premières minutes du film sont à l'image de l'épreuve qui attend le spectateur. On découvre un Benjamin Biolay aussi expressif qu'une porte et une Emilie Dequenne déguisée à l'occasion en une Miley Cirus qui serait allée s'habiller en gothique à Pimkie, tous les deux dans une voiture américaine, écoutant de la musique américaine et parlant américain avec le "sherif" du coin. Voilà la mission du réalisateur, importer un bout de la bannière étoilée et de son prestige du cinéma d'horreur en France, mais pour cela, il faut savoir recycler ses pairs avec talent et non les plagier bêtement. Saw, The Descent, La colline a des yeux pour les plus récents.
Le scénario, si il y en a un, est une déclaration de guerre au cinéma d'horreur de qualité, une insulte à l'originalité. Tous les poncifs du genre y passent; la maison isolée, la famille de dingues, la tragédie ancienne mêlée à une malédiction et le fameux twist final éculé depuis 20 ans avec lequel le réalisateur semble vouloir te dire "ben alors mon con, tu t'y attendais pas à celle là hein ?", auquel nous pouvons aisément répondre "ben si j'ai vu The Descent, c'est pas très vieux quand même".Ou encore "Tiens ! Si je m'adossais tranquillement contre la cage?".
Mais passons sur le manque d'originalité, beaucoup de films ont un scénario très conventionnel et s'en tirent avec les honneurs, pour la bonne et simple raison qu'ils ont engagé un scénariste professionnel pour que l'histoire tienne debout. Réalisateur et scénariste sont deux métiers très différents, n'en déplaise à Pierre Richard et dans "La meute" nombreuses sont les incohérences. Vous connaissez la plus récurrente au cinéma, pourquoi ne pas s'enfuir et plutôt chercher à se venger de monstres assoiffés de sang quand on pèse 40 kg. Le vide scénaristique se fait tout autant sentir dans la caractérisation des personnages, une porte donc, une rebelle en caoutchouc d'une bêtise abyssale et Yolande Moreau (pourtant très talentueuse) qui surjoue jusqu'à devenir sa propre caricature et Philippe Nahon (ridiculiser deux monstres du cinéma en un seul film c'est fort) auquel on peut faire le même reproche qu'a Yolande. Mais Pierre Richard a la parade, les dialogues ! D'une inutile vulgarité ils semblent être présents pour participer à la création d'un univers trash et crade et à part quelques perles, c'est au niveau de la mer. De plus, je connaissais la fameuse blague du film. Sans surprise jusqu'au bout...
Le spectateur a pu sentir le salut pointer un peu avant la fin du film, la porte nous explique qu'ils vont devoir résister toute la nuit à "leur" attaque. Parfait ! Une longue séquence où le réalisateur va créer une tension qu'il va faire monter jusqu'à son paroxysme ! Ou pas. Ils entrent après 3 minutes, le film est définitivement un flop.
Il est louable pour les jeunes cinéastes français de se lancer dans le cinéma de genre, délaissé souvent en France mais il est clair qu'après les quelques années qui ont suivi le "renouveau" de ce cinéma en hexagone, nous ne somme pas plus avancés. Aucune originalité, des boucheries sans scénario ou des plagiats et preuve en est, notre plus grand représentant dans ce genre, Alex Aja, se borne à tourner des remakes de films US. Un seul cinéaste peut sauver la face, c'est Fabrice Du Welz...Un belge.