Beaumarchais l’insolent est un film en costume plutôt divertissant, porté par un casting plein d’entrain, mais doté d’un scénario pour le moins confus.
En fait, et je rejoins certains critiques, ce film semble trop court pour aborder de façon substantielle, fluide et totalement convaincante les différentes vies bien remplies du héros. De son activité théâtrale on ne verra finalement pas tant de chose, avec une genèse bien rapide de pièces les plus mémorables de Beaumarchais, et une partie plus « politique » qui reste assez brouillonne. Beaumarchais l’insolent est en fait un film de l’effet permettant aux acteurs de faire des numéros souvent réjouissants, mais en délaissant la narration et la profondeur du récit. La rencontre entre le chevalier d’Eon et Beaumarchais par exemple est très sympathique et permet de savoureux dialogues, mais elle n’est dans le récit que pour cela, elle n’apporte pas grand-chose à l’intrigue.
En cela, Beaumarchais l’insolent semble parfois une ode aux jolis mots et aux acteurs malicieux, mais il conserve une évidente superficialité préjudiciable sur le long terme.
Le casting est très bon, et pour le coup Luchini est très efficace dans le rôle principal. Il a une tendance parfois à marmonner, mais son côté appliqué et précieux convient bien au personnage de Beaumarchais qu’on peut imaginer ainsi, élégamment maniéré. Bonne prestation de sa part, et autour des acteurs honorables qui s’amusent visiblement beaucoup. Claire Nebout, Jacques Weber, Michel Serrault pour n’en citer que quelques-uns. Reste que l’impression de voir des numéros d’acteurs avant un vrai récit est d’autant renforcé ici que la plupart d’entre eux viennent faire leur numéros mais disparaissent ensuite assez vite.
Formellement Beaumarchais l’insolent est un film assez agréable mais académique. De beaux décors, une reconstitution soignée, une photographie assez élégante, mais la flamboyance des échanges et la gourmandise des interprètes ne trouvent pas forcément une telle équivalence dans la mise en scène appliquée de Molinaro. Baroque sur le fond mais classicisant sur la forme, Beaumarchais l’insolent est précieux mais pas excentrique ni très transgressif. Cela transparait d’ailleurs dans une bande son purement alimentaire.
En conclusion, ce film de Molinaro est surtout appréciable pour ses excellents interprètes s’amusant beaucoup à réciter leurs dialogues très soignés. En toute objectivité, ça reste un film en costume réussi, même si un récit mieux tenu et éventuellement une durée plus longue pour donner du volume aux diverses facettes du personnage n’aurait pas été de refus. 3.5