Ça ne croasse pas des briques
Du britannique Rupert Sanders, j’avais adoré en 2012 Blanche Neige et le chasseur et dans un autre genre, en 2017, Ghost in the shell. C’est donc confiant que je suis allé voir ces nouvelles 111 minutes, savant mélange de polar, thriller et fantastique. Eric et sa fiancée Shelly sont sauvagement assassinés par un gang de criminels. Mais une force mystérieuse ramène Eric d'entre les morts, qui, doté de pouvoirs surnaturels, entreprend de se venger pour sauver son véritable amour. Soyons honnêtes, même si on n’est loin du chef d’œuvre, ce remake – inutile soit -, ne mérite pas le tombereau d’insultes et le mépris généralisé qu’il subit de la part des nostalgiques de la version originale de 1994. Il y a un vrai parti visuel, des effets spéciaux réussis et un vrai savoir-faire du cinéaste. Si vous n’aimez pas ça, n’en dégouttez pas les autres.
Après une campagne de presse sur la mort prématurée et « mystérieuse » de la vedette Brandon Lee – fils de Bruce – durant le tournage, le film est arrivé sur les écrans précédé d’une réputation sulfureuse. Ça a fait beaucoup également pour sa réussite auprès du public de l’époque. 30 ans après – j’éviterais de parler des avatars du « corbeau » qui ont suivi dans les années 90 et qui étaient tous aussi pitoyables les uns que les autres -, voici la version d’un cinéaste qui sait faire et qui l’a amplement prouvé. Ni plus mauvais, ni meilleur qu’un autre, ce grand déchainement de violence se laisse regarder – âmes sensibles s’abstenir -, sans ennui tout en sachant que le scénario, comme la psychologie des personnages, n’ont pas grand-chose à voir avec le film d’origine. Mais je le répète, 30 ans ont passé, la coupe mulet, les tatouages à gogo, les portables sont omniprésents, les moyens voués aux effets spéciaux sont décuplés, le budget, 50 millions, avec – tournage en Tchéquie, en Allemagne, en Bulgarie… et un peu à Boston -, l’influence de la franchise John Wick est évidente et l’atmosphère dystopique très tendance. Enfin, la tuerie de l’opéra aux accents du Robert le Diable – un hasard sûrement – de Meyerbeer est un grand moment. Et puis, ils sont tellement nombreux ceux qui n’ont pas vu la version originale…
Côté casting, Bill Skarsgård fait le boulot. Ce suédois à la filmographie copieuse – mais pas toujours heureuse, à part Ça – fait le boulot et mouille le maillot. On l’a choisi alors qu’il y avait du beau monde sur les rangs : Bradley Cooper, Mark Wahlberg, Ryan Gosling, Channing Tatum ou encore Robert Pattinson… excusez du peu ! A ses côtés, la chanteuse FKA - traduire Formerly Known As - Twigs, Danny Huston, Josette Simon, Laura Birn et – surprise – notre français Sami Bouajila, qui a 58 ans, entame une carrière aux USA. Donc, au risque de me répéter, ça ne croasse pas des briques m ais ça se laisse regarder en attendant – peut-être – mieux dans le genre avec Smile 2, Nosferatu, Speak no evil ou Beetlejuice beetlejuice de Tim Burton tout de même.