De la difficulté de faire une bonne suite à Hollywood...
Ce film est l'exemple même de la difficulté de faire une bonne suite de deux films légendaires du cinéma. Donc de deux machines à fric !
Les nombreux impératifs commerciaux (tout public, politiquement correct, facile à suivre pour le bovin moyen bouffeur de foin, ...) et facilités (FX en veux-tu en voilà, clins d'oeil limite pompage, ...) ont tôt fait d'anéantir le projet le plus sincère à la base, les producteurs ayant toujours le dernier mot. Et quand ils ont mis la main sur un 'Yes-Man' sans âme pour exécuter ça (dans tous les sens du terme)...
Bref, ce Terminator qui se veut une suite directe des deux films de Cameron, mettant de côté les deux opus suivants, ne déroge pas vraiment à la règle.
On a là un gros film d'action qui dépotent et te nargue avec son fric investi en FX en permanence.
C'est correctement mis en scène, efficace mais sans génie.
Le constat fait d'autant plus mal que le scénario fourmille réellement de très très bonnes idées, que ce soit la nouvelle ligne temporelle ou le choix du méchant.
Mais on sent bien que les scénaristes ont, soit manqué d'inspiration, soit été bridés, forcés de rester dans un énième spectacle faussement rebelle, qui marque lui-même ses limites avec des séquences de toute évidence destinées à plaire au public qui rapporte le plus: les ados.
Alors on a finalement un spectacle qui se veut intelligent et surprenant, mais qui finalement est relativement attendu et linéaire, et ne va jamais au bout des immenses possibilités de certaines très bonnes idées.
La consternation hérisse le poil parfois devant la nullité de certains dialogues, leur côté convenu, ou tout simplement d'une bêtise crasse.
En fait le scénario part d'une très bonne idée et en dissémine régulièrement, mais ne va jamais au bout, ne transforme jamais les essais, et est souvent dialogué avec les pieds.
Ce dernier constat est impardonnable, car même si des idiots de producteurs vous obligent probablement à rectifier tout ce qui pourrait être 'politiquement incorrect', cela n'empêche pas d'essayer d'éviter des échanges d'une banalité à pleurer, dignes d'un soap-opéra...
Emilia Clarke est mimi tout plein en Sarah Connor, mais ne dégage pas la puissance et l'obstination proche de la folie de Linda Hamilton. Je préférais Lena Headey de la série télé, bien plus convaincante.
Jai Courtney qui remplace Michael Biehn dans le rôle Kyle Reese, est vraiment loin de le faire oublier.
Arnold Schwarzenegger passe son temps à faire des jokes sur le fait qu'il est "vieux mais pas obsélète". C'est un peu lourdement mené mais souvent agréable et bien vu. Et le running-gag du sourire forcé pour être sociable est franchement marrant. Pour le reste, Schwarzy impressionne encore... mais moins...
Ceux qui aimaient passionnément T1000 ne le verront qu'au début, et même si le nouvel acteur (Byung-hun Lee) n'est pas mauvais, il ne vaut pas le mythique Robert Patrick. Avoir des traits de ressemblance avec lui ne suffit pas.
Quant au choix de l'acteur pour incarner le grand méchant (Jason Clarke)... Et bien il ne m'a franchement pas convaincu. J'ai peine à croire qu'il n'y avait pas mieux lors des casting, plus 'charismatique'.
Et l'immense J.K. Simmons a un rôle de bouffon...
Bref un casting en deçà ou sous-exploité, ce qui n'aide pas à placer ce film comme une réelle suite directe des chef-d'oeuvres de Cameron.
A mon avis d'ailleurs, il n'aurait pas dû autant s'engager sur la qualité de ce film, qui est certes un bon divertissement, mais loin d'avoir la qualité formelle (pas en terme de FX mais de qualité de mise en scène) et le fond de ses propres oeuvres.
Il a dû toucher un gros chèque pour ça, mais a perdu bien plus que de l'argent au passage: sa crédibilité auprès des fans !