Comment saccager une saga qui avait toujours très bien fonctionné jusque là ? Un modèle de réponse très juste est présenté dans "Terminator : Genisys" : En ignorant complètement le renouveau initié dans "Renaissance", pourtant original, donnant lieu à de vastes possibilités scénaristiques, puis revenir insister lamentablement sur un concept déjà recyclé trop de fois, dont on s'était depuis longtemps (depuis le 3) largement lassé. Tout ça à cause de l'euphorisme suscité à l'idée de surprendre le public par l'identité du nouveau Terminator et par la promesse de faire revenir en même temps à l'action toute la panoplie des modèles connus. Une trouvaille de génie selon l'équipe derrière ce navet, qui a cru que moyennant de bons effets spéciaux, une nouvelle Sarah Connor incarnée par Emilia Clarke, l'actrice en vogue plus que jamais propulsée sous les feux des projecteurs grâce à Game of Thrones, à laquelle est associé pour le côté nostalgique Arnold Schwarzenegger qu'on n'avait plus vu sur le grand écran depuis longtemps, elle ne pouvait que susciter l'adhésion des fans. C'est mal connaître les fans et ceux qui, comme moi ne le sont pas vraiment, mais ont toujours pris plaisir à suivre les différents épisodes et voulaient, par curiosité, voir ce que Genisys allait apporter de nouveau. Justement, rien, la même cassette qui se répète, le même message à propos du destin, les mêmes courses poursuites et combats avec rien de mieux à proposer qu'une modernisation de qualité des effets spéciaux. Pire, ce travail de restauration engendre dans son passage un sabotage scandaleux. Les dialogues par exemple qui manquent totalement de conviction, de caractère, qui se croient sophistiqués alors qu'ils sont en fait criblés de ridicule, mais qui s'aventurent en plus à tenter des punch-lines ou des réponses choc qui n'auront jamais réussi à avoir l'effet grandiose ou comique souhaité. On est très loin du niveau des répliques cultes qu'on avait adorées. L'humour justement, parlons-en. Une des marques de fabrique des premiers Terminators, l'une des raisons majeures de leurs succès même, avait été de tourner à la dérision la logique des robots venus du futur, qui essaient d'imiter maladroitement certains comportements humains incompréhensibles pour les micro-processeurs à travers lesquels ils conçoient le monde. Ironiquement, c'est le réalisateur cette fois, qui s'est aventuré tout aussi maladroitement à nous reproduire un humour dans le même esprit, sans que ça ne puisse une seule fois fonctionner. De très mauvais goût et manquant totalement de subtilité, ça aura plus le don de nous gonfler qu'autre chose. La reprise totalement hors contexte de "Bad boys" est la preuve la plus évidente de l'amateurisme de la réalisation à ce niveau. La fin du film est une catastrophe monumentale, où Skynet fixe étrangement un délai aberrant pour donner aux héros une chance de le détruire, où le méchant essaie lourdement de convaincre en se lançant dans des discours patriotiques à deux sous avant de se mettre à divulguer bêtement ses intentions en même temps qu'il poursuit ses cibles, où les changements furtifs d'humeurs de Sarah Connor, horriblement joués par Emilia Clarke, sensés émouvoir ne font que renforcer ce sentiment d'inélégance et de ridicule qui ont caractérisé la manière de faire d'Alan taylor tout le long de sa direction, avant de l'acter définitivement avec un happy end qui aura scellé le sort de
du T-800, en le transformant par je ne sais quel procédé en un modèle upgradé, engendrant de manière consternante pour nous un soulagement de Sarah de le revoir en vie, juste après avoir perdu
tout espoir. "Terminator : Genisys" est une restauration certes numériquement réussie, mais dont l'écriture horrible n'apporte non seulement aucune valeur ajoutée à la saga, mais y introduit en plus des paradoxes dont elle aurait bien pu s'en passer. Avec en plus une réalisation médiocre sur tous ses aspects, cet épisode entâche lamentablement le nom de la franchise, nous laissant avec des souvenirs qui n'auraient jamais dû avoir lieu d'être, un désastre inévitable retardé de justesse grâce à leur niveau remarquable, par les deux premières suites qui avaient repris le même concept, mais auquel ce nouvel acharnement une dizaine d'années plus tard ne pouvait plus échapper.