Les résultats moyens du quatrième volet de Terminator ayant entraîné l'annulation d'une trilogie se déroulant dans le futur, les nouveaux producteurs décident pour le cinquième de revenir dans un monde contemporain en oubliant complètement les troisième et quatrième épisodes et en relisant au passage les deux premiers.
En effet, rarement une suite a autant démoli l'univers dont elle est issue. Après un début plutôt prometteur montrant la Guerre du Jugement dernier, le départ de Kyle Reese vers le passé commence à inquiéter
car on voit à ce moment John Connor se faire attaquer, ce qui est contradiction avec les autres épisodes (dans ce cas, pourquoi Kyle Reese n'en parle-t-il pas dans le premier ?, comment John Connor fait-il alors pour envoyer le T-800 dans le second volet ?, pourquoi le T-800 annonce avoir tué Connor dans le troisième ? ...). La suite, montrant que les humains ont été plus intelligent que Skynet en envoyant un gentil T-800 avant 1984 pour prévoir la destruction du méchant T-800 de 1984 dès son arrivée, laisse cependant augurer un travail sur un avenir parallèle qui pourrait être intéressant. Hélas, cela est complètement annulé par l'envoi d'un T-1000 pour tuer Kyle Reese également en 1984.
On se dit dès lors que la production semble vouloir faire une espèce de medley incohérent des deux premiers films.
La suite ne fait qu'empirer les choses
puisque le scénario choisit d'utiliser de faire faire aux personnages un voyage dans le futur
ignorant toutes les incohérences qui lui sont liées
(pourquoi les personnages choisissent-ils d'aller pile le jour du déclenchement de la guerre alors qu'ils auraient pu faire en sorte d'arriver quelques années avant et ainsi de ne plus être entraînés dans une course contre la montre ?; vu qu'ils ont détruit dès 1984 toutes traces des Terminators, comment les études de Cyberdine ont-elles pu être lancées ?; si Sarah Connor n'a pas accouché en 1984, comment les héros ne sont-ils pas surpris de voir apparaître un John Connor qui n'est donc jamais né ?...)
. Malgré des effets spéciaux réussis (le minimum pour un film doté d'un tel budget), comme ceux permettant l'affrontement du T-800 mature avec son modèle plus jeune (recréation beaucoup plus convaincante que dans Terminator renaissance), l’enchaînement d'incohérences et la prétention d'un scénario croyant être intelligent en jouant sur les voyages temporels
et sur la transformation de John Connor en hybride d'humain et de Terminator
font que le film énerve et désespère plus le public qu'il ne le captive jusqu'à un happy-end complètement ridicule
(la résurrection du T-800 grâce à un upgrade est d'une stupidité rare)
. La vocation uniquement commercial du projet ne fait désormais plus aucun doute et est renforcée par la séquence insérée dans le générique final,comme le font les productions Marvel, annonçant une éventuelle suite et par le fait qu'Arnold Schwarzenegger ne soit plus crédité comme T-800 ou comme Terminator mais comme Guardian. A cela s'ajoute un humour lourdingue auquel Arnold Schwarzenegger nous avait rarement habitué (le coup du sourire est juste ridicule).
De plus, le casting ne fait qu'accentuer le peu de crédibilité de l'ensemble. Le choix d'Emilia Clarke et de Jai Courtney semble n'être dû qu'à leur beauté. En effet, la première est sensée jouer une Sarah Connor plus mature que celle du premier film puisqu'elle connait depuis des années la noirceur de l'avenir et s’entraîne depuis autant de temps à être une guerrière mais, sans nier ses talents de comédienne, cette actrice possède un physique d'adolescente qui lui enlève toute crédibilité en contradiction avec l'aspect adulte que possédait Linda Hamilton (bien qu'elle avait le même âge qu'Emilia Clarke au moment de son interprétation). Quant à Jai Courtney, il semble trop athlétique et également pas assez marqué par la vie pour interpréter un Kyle Reese ayant dû lutter contre la faim et ayant vécu dans la terreur depuis des années. Le raté du casting ne tient donc pas aux qualités de jeu des comédiens mais à l'inadéquation de ceux-ci avec leurs rôles.
Malgré un début prometteur, le mauvais choix des interprètes, la débilité du scénario, la volonté purement commerciale du projet, le non-respect du public (quand un des personnages dit que cette histoire est assez compliquée, la seule réponse qu'il s'entend dire est "On sauve le monde") et des épisodes précédents (on n'oublie tout simplement l'existence des troisième et quatrième volets), tout cela ajouté à une réalisation sans éclat (chose peu surprenante quand on sait qu'Alan Taylor est l'auteur de Thor : Le Monde des ténèbres), font que Terminator Genisys est une suite réellement catastrophique (dépassant même en cela Die Hard : Belle journée pour mourir) qui semble détruire définitivement une saga qui était pourtant jusque là tellement forte et intelligente.