Tout film a un objectif commercial. Nous avons ici un film qui parvient à faire acheter des DVD et BluRay de films vieux de plus de vingt ans : chapeau bas !
Car oui, après avoir vu ce film de 2015, j’ai ressenti le besoin de revoir les anciens films… pour me changer l’arrière goût désagréable du nouveau, un peu comme après avoir mangé quelque chose de pas très frais.
Il faut dire que quand la bande-annonce du film dévoile le retournement de situation («twist» pour ceux qui ne jurent que par les mots anglais), ce n’est pas vraiment bon signe...
Terminator Genisys se voulait visiblement un hommage aux deux premiers films, considérés comme les meilleurs de la franchise. Au final, ce n’est guère plus qu’une remise à zéro de cette dernière («reboot», pour utiliser le mot anglais un peu trop à la mode ces derniers temps) qui ne manque pas de réécrire les principes de base des films d’origine (dans le premier film, l’un des principes est qu’on ne peut pas voyager vers le futur…). Mais l’hommage n’en est pas un du tout puisque ce film décide que les évènements des anciens films n’existent plus. Il crache donc outrageusement dans la vieille casserole qui contenait encore la meilleure soupe. Même «Terminator 3» et «Terminator Renaissance» n’avaient pas eu cette outrecuidance, ils avaient simplement tenté de s’ajouter à de bonnes bases.
Faisons simple : «Terminator», à la base, c’était quoi ?
Eh bien c’était un film qui, au-delà des paradoxes temporels que n’aurait pas reniés Doc Emmett Brown, parvenait à nous faire ressentir l’oppression et le stress en nous permettant de nous attacher à une jeune femme et de la suivre dans une situation totalement désespérée. Pour ce faire, le film mettait en place un combat totalement déséquilibré : d’un côté, une machine implacable chargée de tuer la jeune femme, et de l’autre un protecteur envoyé pour défendre la jeune femme. Aussi débrouillard et entrainé que fut le protecteur, ce n’était qu’un simple humain dont la seule solution de survie était la fuite.
Tout était extrêmement bien résumé sur l’affiche du film : «impossible à arrêter, insensible à la douleur».
Et «Terminator Genisys» alors, c’est quoi ?
Le film commence par jouer la carte du clin d’œil aux anciens en repompant les scènes d’introduction de la machine à tuer et du protecteur issues du premier film, c’est sympa mais on y remarque déjà que quelque chose cloche… il n’y a qu’à voir Kyle Reese vérifier la pointure des chaussures dans le supermarché pour se rendre compte que ce n’est pas naturel, et qu’on a visiblement répété trois fois à l’acteur de ne pas oublier de poser la semelle de la chaussure contre sa plante de pied.
C’est peu, mais ça m’a sorti du film… au bout de cinq minutes c’est pas mal.
La première partie du film parvient toutefois à recréer l’ambiance «Terminator», tout en montrant que l’histoire a totalement changé.
Le problème est que, même en admettant que la jeune femme ne soit plus sans défenses mais entraînée depuis toujours à affronter les machines, les héros se débarrassent trop aisément de leurs ennemis. Ça en devient anecdotique.
Là où le protecteur était toujours dépassé dans les films d’origine, ce qui nous faisait nous poser la question «comment vont-ils survivre ?», il n’y a ici jamais de doute quant au fait que le protecteur vaincra… on ne se pose la question à aucun moment, et pas seulement parce que ça coule de source : simplement parce que finalement on s’en fiche complètement.
Que dire du nouveau modèle de machine à tuer, le modèle ultime de Terminator ? Eh bien… rien. Il est sensé être encore plus efficace que les précédents, mais le bon vieux modèle de base suffit à l’arrêter encore et toujours.
En bref, ce film n’est pas une réussite. C’est un énième film d’action sans saveur qui laisse le spectateur dans une passivité affligeante. Ce n’est certainement pas un «Terminator», même le troisième réussissait mieux son coup (je ne parle pas du quatrième, dont le style ne le rend pas vraiment comparable, à mon sens).
Si on ajoute à tout ça un casting à côté de la plaque, on arrive à… Terminator Genisys.
Merci.