Un retour d’Arnold Schwarzenegger discutable (étant donné son âge), un casting qui n’a pas plu à tout le monde, une promotion des plus hasardeuses qui allait jusqu’à spoiler l’intrigue sans retenue, des critiques américaines véritablement assassines… autant dire que la sortie de Terminator : Genisys, cinquième opus de la franchise initiée par James Cameron, allait droit dans le mur pour la plupart des fans. Mais il aura fallu l’intervention du géniteur lui-même pour relancer l’intérêt du film aux yeux du public, qui pouvait enfin espérer une suite digne de ce nom au cultissime Terminator 2 ! Mais après avoir vu le film, on pencherait plus à dire que Cameron a bien plus apprécié le chèque qu’on lui a offert plutôt que ce nouveau massacre.
À titre de comparaison, ce Genisys se rapproche bien plus de Jurassic World que d’un film Terminator, pour la simple et bonne raison que cette suite se vante de rendre hommage au long-métrage originel mais le singe au possible tout en tentant de le copier sans regret. Mais contrairement aux dinosaures, le scénario de ce film « justifie » ce copié-collé, étant donné que celui-ci nous propose de revivre les scènes du premier opus mais sous un autre angle, voire modifiées. Si l’entreprise parait sur le papier un chouïa sympathique, l’ensemble tombe très vite à l’eau. Et pour cause, la première partie du film, qui exauce le souhait de Cameron, à savoir faire une longue introduction mettant en scène la guerre contre les machines avec plus de moyens (qu’il espérait réaliser à l’époque de Terminator 2), nous présente un futur aseptisé et explosif à la Michael Bay. Où est passée la violence et le pessimisme de la vision prémonitoire et apocalyptique de Sarah Connor (son rêve dans le second opus) ? Disparus derrière du numérique à outrance et une censure moins conséquente (PG-13), tout comme l’atmosphère lourde et pesante du premier film qui n’apparait aucunement dans les séquences reprises de ce dernier. Alors oui, encore une fois cela fait plaisir de revoir certaines scènes (surtout que l’équipe s’est appliquée à les réaliser plan par plan au film originel), mais sans l’atmosphère propre à Terminator premier du nom, la sauce ne prend plus. Pire, avec l’humour à la limite de la débilité et le côté plus enfantin de l’ensemble rend ces passages grotesques (le look des punks, pourtant repris du premier film, sont d’un ridicule sans nom).
Une heure servant de lancement à la seconde partie du film, durant laquelle les héros se retrouvent propulsés en 2017.
Et dès lors, il ne faut plus rien espérer de cette suite qui arbore des airs de blockbusters lambdas, à savoir fade, bourrin et sans imagination. Vraiment dommage, étant donné qu’à partir de ce moment, le scénario propose de véritables innovations dans la franchise (
comme le rôle de John Connor auprès de Skynet, le programme Genisys, le fait que Skynet profite de notre dépendance aux nouvelles technologies de communication…
) qui donnent quelques pistes intéressantes pour les suites déjà annoncées. Malheureusement, elles s’enlisent derrière une avalanche de superproduction hollywoodienne enchaînant personnages en roue libre, séquences d’action se voulant spectaculaire mais n’ayant pas vraiment de panache et protagonistes secondaires tout à fait inutiles. Après, il faut reconnaître que l’ensemble peut divertir, vu que Terminator : Genisys propose un humour pouvant faire sourire (notamment en ce qui concerne le T-800), des effets spéciaux dans la moyenne de ce qui se fait de nos jours et une certaine nervosité dans le montage. Bref, on ne s’ennuie pas, en tout cas moins que pour Jurassic World. Mais encore une fois, ce film est un opus de la franchise Terminator et se doit de respecter les codes posés par les premiers films et l’univers qu’ils ont façonné au fil des années (comme la romance entre Sarah Connor et Kyle Reese, totalement absente de ce film). Sinon, à quoi bon porter un tel titre ? Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, attendez-vous à avoir la chanson Bad Boys sortie de nulle part pour comprendre que ce film est tout sauf un Terminator !
Impossible de finir cette critique sans parler du casting, étant donné que celui-ci a fait l’objet de nombreuses injures sur le net. Et autant vous dire que ce dernier, malgré ce que je pense du film, ma agréablement surpris. En premier lieu Arnold Schwarzenegger qui compense sa mollesse par une autodérision inattendue et surtout bienvenue. Et puis, il faut bien avouer que ça fait plaisir de le voir réendosser le rôle du T-800 ! Ensuite vient Emilia Clarke, une Sarah Connor convaincante même si elle n’arrive pas à la cheville de Linda Hamilton. Et enfin J.K. Simmons qui, devant se contenter d’un second rôle oubliable, arrive à le rendre attachant grâce à son immense talent. Mais la distribution propose également deux fausses notes : Jason Clarke, pas mauvais mais inexistant, et J**ai Courtney** (l’erreur de casting la plus flagrante qui puisse exister), aussi inexpressif et … mauvais que dans Die Hard 5.
Terminator 3 était certes mauvais mais se montrait suffisamment spectaculaires pour passer un agréable moment (suffit de voir la course-poursuite au début du film). Terminator Renaissance n’était qu’un amoncellement de références servant de base à une écriture plus que maladroite, mais proposait une écriture et un visuel pour le moins sympathique ne justifiant pas la sous-estimation dont il a dû faire face. Alors, est-ce que Terminator : Genisys se présente comme la meilleure suite à Terminator 2 ? Pour moi, c’est avec un grand non que je réponds, ce cinquième film étant un nouveau blockbuster tout ce qu’il y a de plus banal qui contentera les spectateurs avec de l’action et des illusions. Un nouveau piège à cons à l’instar de Jurassic World misant tout sur la nostalgie pour mieux la singer et se faire de l’argent. Juste navrant même si l’ensemble peut être divertissant.