La promotion intensive de ce revival de la franchise initiée par James Cameron en 1984 fût désastreuse. Le long-métrage, lui-même, ne l’est pas moins. S’adressant, à vue de nez, aux fans des œuvres initiales comme à une nouvelle génération de cinéphiles biberonnés à l’antiseptique, Genisys dénote du cruel manque de personnalité des grosses productions contemporaines, basées, comme celle-ci, sur l’héritage d’un glorieux passé. On empile ici les clins d’œil, références appuyées au deux premiers volets de la saga. On va même jusqu’à retourner des scènes clefs des films de 1984 et 1991, deux chefs d’œuvres soumis ici à autopsie, disséqués à l’excès, base bétonnée d’un travail créatif qui frise le néant. On filme ce qui ne fût pas montré jadis, on croise les destins des divers intervenants et on invente une fable à dormir debout, sur un pied, pour justifier à la fois le film en lui-même et le retour d’un Arnold Schwarzenegger téléguidé de bout en bout. En gros, on s’assoit sur le prestige d’une franchise ayant connu ses heures de gloire il y a plus de vingt ans, on détourne, on démystifie et on attend que le public applaudisse. On attend du moins que le public viennent nombreux dans les salles pour se remplir les poches. Cinéma contemporain ou plagiat?
Le film, donc, n’est pas justifiable en dehors de sa vocation purement commerciale, procédé malhonnête qui permet d’offrir des prolongations à ceux qui en veulent encore. Sachez-le, chers producteurs, ils ne sont plus très nombreux. L’échec au Box-Office le confirme. Cela suffira-t-il pourtant à éviter une autre catastrophe du même acabit? Pas sûr. Quoiqu’il en soit, ce nouveau Terminator assure son contrat, soit divertir de par l’entremise du roulement traditionnel du Blockbuster 2.0, aseptisation, impersonnalité et lissage de tout ce qui serait susceptible de dépasser de la masse, suppression de tout ce qui pourrait offrir une valeur individuelle à un film qui doit s’inscrire dans le strict chablon voulu par le studio. Bref, nous autres fines bouches, nous repasserons. Si dans l’ensemble, quoique souvent, ce soit une bouillie de CGI qui nous est offerte, ce nouveau film nous offre un spectacle convenable, à l’exception d’une poursuite en hélicoptères complètement ratée, monuments de malfaçons qui jurent salement, même dans une franchise de SF.
Alan Taylor, aux commandes du projet à titre de Yes Man docile, fait le boulot, sans gloire et sans inventivité, à l’image de son travail précédent chez Marvel. L’homme vient pourtant du prestigieux carcan des grandes séries télévisées de notre temps. On sent dès lors que le bonhomme n’est pas à sa place, d’un point de vue créatif, à la tête d’un projet tel que celui-ci. Autre erreur, majeure, celle-ci, le casting. Si notre brave Schwarzy fait office d’atout commercial impotent, Emilia Clarke cabotine, sans personnalité, une piètre Sarah Connor face à la légendaire Linda Hamilton. Jason, Clarke lui aussi, pourtant un acteur talentueux, se prend les pieds dans le tapis dans le rôle d’un John Connor étrange, clef d’une intrigue abracadabrante. Mais le pire, c’est la présence de Jai Courtney, ce drôle d’acteur sans le moindre talent qui trouve une nouvelle l’occasion de démontrer son incapacité au monde entier. L’acteur fait peine à voir et ne parvient jamais à insuffler le moindre charisme à son Kyle Reese de synthèse. Le comédien, s’il on peut le définir comme tel, fût déjà l’un des acteurs de l’échec inadmissible du dernier volet de la saga Die Hard. Je me demande bien quelle mouche a piqué ici le directeur de casting.
Que reste-t-il donc à sauver, si ce n’est la mélancolie? Le plus attristant, finalement, c’est le fait que James Cameron lui-même ait été grassement rétribué pour vanter les mérites de ce film qui spolie sans vergognes son travail de génie d’alors. Oui, que penser du fait qu’un film de 1991 soit sacrément plus spectaculaire qu’un film tourné en 2014? Que penser du fait que les effets spéciaux du début des années 90 étaient nettement plus crédibles que ceux d’aujourd’hui? James Cameron était et est toujours un génie, mais cela n’excuse pas tout. Bref, après Jurassic Park, Die Hard, on massacre la renommée d’une autre grande franchise de cinéma. Pour finir sur une note optimiste, disons, pour rassurer, que ce cinquième volet de la franchise n’est pas pire que le troisième, le soulèvement des machines, qui lui, fût une purge considérable. Alan Taylor, bien qu’en plein échec, sera au moins parvenu à ne pas livrer le pire opus de la franchise. 05/20