Mais qu'est-il arrivé à François Ozon? Après les superbes Angel, Ricky, deux films audacieux, risqués, émouvants, complexes, il nous livre avec "Le refuge" son plus mauvais film. Pour moi, c'est l'incarnation d'une certaine tendance du cinéma français, bourgeois, lisse, sans consistance et sans saveur. Tout ce que j'aimais dans son cinéma (la transgression, le fantasme, la perversité, le pouvoir de l'imaginaire, le sens de la provocation, des castings toujours parfaits..) est ici complètement édulcoré. C'est le portrait archi convenu, sage, d'une pauvre fille, héroinomane, enceinte et paumée. Mais comment croire à la dérive de cette femme, dès lors qu'elle est incarnée par une Isabelle Carré toujours aussi lisse, toujours aussi peu "rock n'roll"? Non, l'affubler d'un manteau en fourrure et d'une mini-jupe, lui mettre du eye-liner et lui faire changer de coiffure à tous les plans, ne suffit pas à transformer Isabelle Carré en droguée destroy. Elle aura toujours son minois et sa voix de petite fille, polie, timide, mignonne, gentille... C'est la première fois dans un film d'Ozon que le casting et la direction d'acteurs sont déficients (Louis-Ronan Choisy, sans intérêt, Calixte pas convaincant...) Les dialogues sont lourds, inintéressants, le scénario convenu et sans consistance, jamais l'émotion n'arrive à jaillir de la mollesse et du clacissisme de la mise en scène. François Ozon a tourné ce film car il avait le désir de filmer une femme enceinte? Non, ce genre de motif - complètement anecdotique et dérisoire - ne suffit pas à faire un film. Au final, un film pour rien, et pour moi, la première grosse déception de l'année!!!