Les paysages magnifiques défilent, sous le score de Harry Gregson Williams qui fait penser à du Wagner, imposant, euphorique. Pas un signe de vie, quand un vaisseau animé par une splendide 3D débarque, prisonnier des nuages avec un design titanesque. Puis vient se qui ressemble à l'un de ses occupants, ressemblant à un humain mutant, charismatique et albinos, effrayant de part ses yeux sans vie, une créature qui vit ses derniers instants avant de se suicider dans une rivière et d'y semer, avec ses gènes la vie.
Dès l'intro Ridley Scott donne le ton, son "Prometheus" ne sera pas un digne prequel du "Huitième Passager", mais un ovni narratif, peut être le commencement d'une nouvelle saga. On est dans de la SF à très grand spectacle, qui est très loin de ce que Ridley Scott à pu faire avant dans le genre. "Prometheus" raconte l'histoire d'une expédition spatiale qui tourne mal, les scientifiques Shaw et Holloway pensent avoir fait la plus grande découverte de l'histoire du l'humanité, un genre de "preuve" que l'espèce humaine toute entière aurait été créée par une race extraterrestre dont la localisation est indiquée sur des oeuvres d'art antiques et préhistoriques. Les deux scientifiques plutôt mégalo ne vont pas manquer de vouloir les rencontrer en découvrant que dans le lieu indiqué par les peintures se trouve comme par hasard une planète digne de porter la vie. Mais une foi arrivé sur cette planète ils se retrouvent pris au piège de ses éléments et ses créatures jusqu'à ce que l'un des créateurs apparaisse.
Dans le genre de la SF, il ne serait pas prétentieux de la part de Scott de se prendre pour un Dieu, en effet il aura donné au genre deux oeuvres des plus marquantes de l'histoire du cinéma qu'il s'agisse de "Alien" ou "Blade Runner". Mais "Prometheus" s'avère bien sûr plus complexe, le secteur du blockbuster connait la crise, il est donc difficile de faire un film égal, malgré une ambition déchirante d'audace, celle de directement contre dire Darwin et de remettre en cause les religions et l'histoire de l'humanité en elle même, Dieu existe, il est loin de nous, il n'a que le désire de nous tuer tous. L'intrigue quasiment métaphysique du film et sa réflexion intense sur l'histoire de l'univers en font une oeuvre purement nihiliste, prise dans un univers sans aucune lacune visuelle et passionnant. Riche de son atmosphère qui elle n'a rien à envier à "Alien", oppressante, ce huis clos en plein air reçoit de plein fouet une ambiance effrayante, terrifiante. Il répond aux questions posées par "Alien", l'origine des Xénomorphes et ce mystérieux vaisseaux, mais "Prometheus" se charge d'en poser également, c'est quoi cette pierre verte ? Pourquoi les albinos nous ont créé ? Pourquoi leur plan à échoué ? Pourquoi ils ont quitté leur planète ? À cause des terrifiants Xénomorphes ? Et puis d'ailleurs ne les ont t'ils pas créé ? Tant de question que le film pose en gardant son mystère total, raisonnant ainsi comme le commencement d'une nouvelle saga parallèle aux aventures de Ripley, une nouvelle saga qui s'annonce riche, belle, pleine de rebondissements avec en bonus une intrigue mystique, audacieuse et plus qu'ambitieuse.
Alors le film souffre en revanche, les personnages sont particulièrement sous exploités, on gagnerait à mieux les connaitre et à plus les ressentir, ils sont à peine centrés malgré des acteurs qui les incarnent magnifiquement bien, parfois même ridicule comme Guy Pearce et "sa prothèse dégueulasse" comme dirait un certain Durendal. On regrette aussi le scénario d'origine, bien plus riche et innovant, la promotion désastreuse et les bandes annonces spoilers.
Bref, un potentiel immense sous exploité mais qui produit tout de même largement son effet. Un voyage dans l'inconnu, vaste, riche et intense dépassé par une idée qui repousse les limites du cinéma. Un chef d'oeuvre raté, un sublime pétard mouillé.