Le voilà enfin. Après des mois de marketing viral intensif, d'images volées et de faux secrets, voici LE film de l'été qui ne pouvait logiquement pas tenir toutes ses promesses. Rejoindre la cohorte de films estivaux en 3D pour tenter la variation autour de l'univers d'Alien par son premier metteur en scène, cela ressemblait étrangement à un effet d'aubaine. Quelle plaisante surprise de se prendre en pleine saisons de blockbusters rances et/ou conformistes une telle claque dans la figure ! Car, à des années lumières des habituelles bouses spatiales claustrophiques, à des galaxies de son Robin des bois molasson, Ridley Scott semble retrouver une nouvelle jeunesse en ressuscitant un genre que l'on croyait définitivement réservé à la série B. Et en nous offrant le film de science-fiction le plus emballant depuis des lustres...
Il ne faut pas trop en dire pour conserver intact le plaisir que l'on peut prendre à démêler progressivement les fils d'une intrigue qui nous emmène sur une autre planète accompagner une équipe scientifique à la recherche des origines de l'homme. Les chercheurs sont enthousiastes, les experts grincheux et les soldats sceptiques. Personne ne doute qu'une telle expédition ne peut pas se dérouler comme prévu, mais voilà : il n'y a rien de prévu et c'est la première très bonne idée des scénaristes (on reconnait ici la patte de Damien Lindelof, de Lost). Spectateurs comme protagonistes, chacun a devant lui l'inconnu une fois débarqués sur cette planète et, si les événements font s'enchaîner, Prometheus a la patience de ne pas tout dire trop vite pour conserver sur la longueur les différents mystères qui ne font que s'épaissir.
Si l'histoire semble parfois assez loin de la saga Alien, le réalisateur fortement inspiré de celle-ci pour créer cet univers : mêmes vaisseaux aux couloirs sans fin, mêmes planètes inhospitalières battues par les vents, mêmes équipages hétéroclites et rigolards, même inquiétude latente. Sans être là, la bête est partout, et l'angoisse avec. Mais il ne s'agit pas d'une photocopie, car toute l'équipe a bâti un film cohérent et original, avec d'abord un soin tout particulier pour créer une ambiance. Dès l'arrivée dans son vaisseau, on est saisi par le soin et l'application du metteur en scène, qui nous entraîne dans les pas du robot David pour une merveilleuse séquence d'occupation spatiale. Aux manettes de son bulldozer à gros budget, Ridley Scott semble se sentir à nouveau libre comme l'air, capable de faire la tension quand bon lui semble, et de balader son spectateur des entrailles paisibles d'un vaisseau englouti jusqu'à un bloc de chirurgie improvisé, que personne n'est prêt d'oublier.
On ne peut s'arrêter sur toutes les bonnes idées de casting (Noomi Rapace, Michael Fassbender, Idris Delba de "Sur Ecoute", ..) , mais la simple idée d'avoir donné au mannequin Charlize Theron un rôle autoritaire, revêche et profondément antipathique résume toute l'intelligence du projet. Un projet qui tient toutes ses promesses artistiques en restant visuellement bluffant à l'intérieur comme à l'extérieur, dans le calme comme dans la tempête.
On est déjà conquis alors que s'amorce le dernier segment de cet enthousiasmant cauchemar. C'est ici que dans une dernière variation, Ridley Scott finit par boucler toutes les boucles de son ambitieux mélange, en donnant à tous les fans de science-fiction un large sourire en quittant cette planète désertique. De quoi vouloir se replonger avec un appétit tout neuf dans les classiques de la science fiction. De quoi ne pas désespérer du grand spectacle et des effets spéciaux quand ils sont maniés avec tant de dextérité.
Et presque de quoi aimer la 3D, c'est dire...
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