Une demi-réussite
Le réalisateur britannique Carl Erik Rinsch présente 47 Ronin. Inspiré d’une ancienne légende japonaise, le film semble néanmoins ne pas être à la hauteur du budget colossal mis en jeu, assassinant ainsi les espoirs que la production avait placé en lui.
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Des avis mitigés circulent sur la toile depuis sa projection sur les écrans français. Ces sentiments divergents tendent à souligner les failles d’un projet sans doute trop audacieux. Il est toutefois bon de commencer par relever ses points forts puisque, malgré une bande annonce qui laissait présager le pire, il dispose de certaines qualités. En effet, méconnu du public occidental, le sujet suscite un intérêt culturel important. Empli de mystère pour les « non initiés », le titre même de l’affiche attise la curiosité. Cette part d’inconnu est cependant à double tranchant, puisqu’elle peut également amener certaines personne à se détourner de l’univers proposé au moment de l’achat des places de cinéma ; supposition qui pourrait constituer l’une des causes de son éventuel échec commercial. Quoi qu’il en soit, le thème a le mérite d’interpeller. Au final, le divertissement opère. D’une simplicité appréciable, le scénario invite au voyage ; inspire le respect. Les costumes travaillés aguichent le regard ; le casting acceptable participent à rendre l’ensemble relativement correct. Ne pas octroyer un rôle dominant au personnage de Kaï, interprété par Keanu Reeves, s’avère judicieux. Sa discrétion adoucit le concept « américanisé » envahissant.
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Ces aspects positifs s’inclinent cependant devant de déplaisants choix de réalisation, tournés vers un besoin évident de plaire au plus grand nombre, dans un objectif purement économique. La faiblesse majeure de ce long métrage provient manifestement de cette envie de séduire, soulignée par un mariage « grand spectacle et légende » peu convaincant, puisque demeure en suspens une indécision perceptible concernant le ton définitif à donner à l’histoire, dont la beauté seule pouvait pourtant suffire à combler les attentes. Entre une adaptation sensible, sobre, authentique, poétique et une version davantage modernisée, sophistiquée, le cœur des investisseurs semblait balancer. Il en résulte un mélange médiocre, dans lequel le spectateur, piégé entre deux rives mal définies, éprouve des difficultés à trouver ses repères. Outre ces remarques négatives, la part souvent injustifiée de fantastique s’insère maladroitement dans les péripéties. Pas toujours au point, les images de synthèse viennent renforcer ce constat. L’absence de sang rappelle, de surcroît, la volonté de toucher les masses. Pour terminer cette liste, les traits psychologiques des samouraïs, leurs mœurs, leurs vies, ne sont pas suffisamment mis en relief. L’impact émotionnel s’en trouve affaibli, le fil conducteur accroche peu et la bande originale ne parvient guère à rattraper ce manque.
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A voir pour le plaisir de la découverte.