La culture japonaise m’a toujours intriguée, notamment les histoires autour des légendes de samouraïs dont celle des 47 Ronins, un groupe de samouraï déchu qui ont pour but de retrouver leur honneur perdu et rétablir la justice en vengeant la mort de leur maître accusé d’avoir tenté d’assassiner un fonctionnaire haut gradé du nom de Yoshinaka Kira. Cette histoire n’est pas fictive, elle date du début du dix-huitième siècle et elle est très répandue au sein de la culture japonaise, car elle sert d’exemple pour les valeurs de loyauté, d’honneur, de sacrifice et de dévouement dont tout japonais devrait s’inspirer au quotidien, dans le même temps elle a aussi fait l'objet d'une légende.
Après, je ne sais pas ce qu’il en est réellement chez nos amis japonais, mais pour ma part cette légende nippone tirée de faits réels ne me laissait pas indifférent et me donnait envie de voir ce que ça pourrait donner à l’écran. La réalisation de ce film a été un sacré bordel difficilement gérable : le scénario de base a subit de nombreuses réécriture, plusieurs scènes ont dû être rejoué puisqu’il a été décidé de tourner le film en 3D, et la post-production a galéré également à cause de l’explosion du budget qu’a entraîné tout ces changements. Le travail de la réalisation a été confié à Carl Rinsch, dont c’est le premier film, et ce dernier voulait que le film soit proche de la réalité et de l’histoire avec un style samouraï. Néanmoins, ce film a fait un énorme flop à sa sortie en salle, ne parvenant même pas à rentabiliser son budget de base, ce qui est très déshonorant pour une première réalisation mais compréhensif car les américains ne sont pas spécialement ouvert aux cultures extérieures à la leur, surtout qu’il est sorti au mois de décembre dernier et à cette période de l’année, en plus du thème choisi, il y aura forcément pas mal de film qui vont se casser la gueule.
Alors au final, qu’en est-il de "47 Ronin" et méritait-il un tel échec au box-office ? Et bien pour ma part : "47 Ronin" s’en sort pas aussi mal contrairement à ce que beaucoup de gens disent, mais il faut bien admettre qu’il a quand même beaucoup de faille à cause des réécritures du script, le choix sordide de tourner le film en anglais plutôt qu’en japonais (merci les producteurs…) ou encore les interruptions multiples du tournage pour des raisons diverses comme l’idée de tourner le film en 3D, sans compter que les producteurs ont eu l’idée de sortir le film aux Etats-Unis au moins de décembre durant la période des fêtes (Bravo encore les producteurs…).
Commençons d’abord par le casting du film avec un seul acteur américain qui est tristement connu pour avoir fait une prestation exceptionnel avec la saga "Matrix" et dans "Dracula" de Coppola, mais qui s’est cassé le nez par la suite puisqu’on n’a que trop peu entendu parler de lui dans les films ou il jouait par la suite. Pour ce que j’ais vu dans "47 Ronin", il était très bon et prenait très au sérieux son personnage de sang-mêlé Kai, même si ce dernier est un archétype
du rejeté du groupe en raison de sa différence mais qui éprouve des sentiments pour la fille du chef du clan des samouraïs d’Ako
, ce qui est bien dommage puisqu’il n’est pas dans la légende à la base et qu’il a été crée pour l’histoire, ce personnage n’a pas grand-chose d’original à offrir malheureusement et en plus de ça, j’ais du mal à comprendre l’intérêt de prendre un acteur asiatique enfant pour jouer Kai avant de prendre un occidental pour jouer Kai adulte, drôle de décision mais adieu la logique dans ce cas, bon passons. Mais en contrepartie on sent que Reeves a travaillé ses chorégraphies de combats au Katana, quand on le voit en action ça se sent et puis on sait qu’il est habitué aux films d’action donc, il n’y a pas de souci de ce côté-là. Hiroyuki Sanada jouait le chef des Ronins, avec assez d’investissement pour être convaincant mais sans plus, et son personnage est peut être volontairement caricaturé psychologiquement pour convenir avec l’histoire d’origine mais ça ne m’a pas marqué. Kô Shibasaki avait un rôle assez minimal et caricatural aussi puisqu’elle devait se limiter à jouer la fille d’un seigneur, elle a bien fait son boulot mais sans réellement me toucher et son histoire d’amour est trop cliché mais c’est voulu pour rester proche de la culture japonaise et de la légende dont s’inspire l’histoire du film. Tadabonu Asano jouait un méchant également caricaturé mais là encore c’est voulu, c’était réussi mais encore une fois, sa performance n’est pas la meilleure mais ce n’est pas non plus mauvais, Min Tanaka était correct mais son personnage reste classique lui aussi, et je retrouve pour la deuxième Rinko Kikuchi (Coucou "Pacific Rim" et salut Mako) dans le rôle de la sorcière Mizuki, une pure invention ici par rapport au fait historique mais elle est aussi délicieuse à regarder physiquement qu’à voir jouer le personnage de la sorcière dévouée à un seigneur et c’était le seul personnage avec un peu d’originalité mais qui aurait mérité un peu plus de développement, mais l’actrice est à suivre car elle peut faire mieux encore après deux bons rôle d’affilé, le reste du casting fait le boulot qui reste à faire mais sans être particulièrement mis en avant.
Visuellement, on n’est pas déçu : les plans sur le paysage japonais médiéval sont splendides, on passe des grandes plaines aux plans sur les montagnes enneigés et sur le palais royal de Lord Kira ou celui du seigneur Asano en début de film, ou encore sur la forêt, et les décors ainsi que les costumes sont bien travaillés. Et en général, la musique d’Ilan Eskheri restait bonne mais là encore, on n’avait rien de vraiment exceptionnel, pas de thème mémorable mais les musiques accompagnaient bien la plupart des scènes du film, seulement une fois le visionnage terminé on ne tarde pas à l’oublier rapidement on ne la garde pas en tête, donc une composition correct mais oubliable une fois le film fini. Pour parler de l’introduction, la première fois ça ne m’avait pas gêné mais en le revoyant à nouveau et de plus près… il faut bien admettre que la synthèse d’introduction est très mal fichue, c’est même visuellement bâclé, les textures sont laides, la 3D ne doit pas être belle à voir pour l’introduction en plus, les décors sont vite fait mal fait et les samouraïs que l’on voit ne font pas du tout réaliste et on voit l’un d’eux bouger sans raison, pour le coup il n’y a pas d’excuse à ça.
Mais autrement, du côté des effets spéciaux, pour un film qui bénéficiait d’un gros budget de 175 000 000 $, en principe ça passe et parfois le résultat est beau à voir mais les créatures que l’on voit dans ce film ont pour la plupart du mal à être réaliste, on sent que c'est du travail à l'ordinateur et que c'est juste le minimum exigé. Le sanglier géant par exemple a un très beau Design mais on sent qu’il n’est pas fait pour être réaliste, ça pue le numérique, et encore
la sorcière transformée en renard blanc
ne fait pas du tout réaliste et on voit clairement que c’est de l’animation en synthèse, alors non ce n’est pas une animation catastrophique comme avec les loups-garous de la saga Twilight mais là encore ça aurait pu être mieux fait. Par contre, il y a eu plus de travail
avec le dragon géant
ainsi que les déplacements rapide des Tengu lors de la vision d’Ôishi,
là c’était bien fait et il est difficile d’en redire du mal. Par contre, il y a un truc que je ne comprends pas : vu tout les coups qui sont donné et entaille auquel on assiste, pourquoi ne voit-on jamais et je dis bien JAMAIS du sang lorsqu'on est proche d'un blessé ou lorsque quelqu'un se fait descendre ? Si c'était pour en faire un film tout public, c'était pas la peine
étant donné qu'on voit quand même une tête décapité à un moment.
Et pour parler des combats… ça passe aussi mais ça aurait pu être meilleure : le but du film était quand même de porter la légende japonaise sur grand écran alors pourquoi est-ce qu’ils ne sont pas allés à fond sur les combats de samouraï et le côté fantastique du film ? Alors les combats ne sont pas ratés, il y en a certains qui sont divertissant surtout
la bataille finale au palais de Kira
ou
celle de la vision d’Ôishi
qui sont surement les meilleurs à voir mais quand un film veut faire connaître une légende à l’écran tout en divertissant, ce qu’on attend surtout d’un film de samouraï c’est des combats de Katana pures et qui y vont à fond que ce soit entre samouraï ou avec des créatures de la mythologie japonaise, là même si les cascades sont travaillés ça n’était pas assez puissant en intensité pour transporter, mais au moins ce n’est pas mou et plat comme ceux d’une certaine adaptation signée M.Night Shyamalan (Hello "Le dernier maître de l’air") dont je préfère ne pas reparler.
Malgré tout, ce film a quand même un sacré problème avec le scénario, un peu plus haut j’avais dis qu’il avait subit plusieurs réécriture et qu’il y avait eu un bordel pas possible avec le tournage et ça se voit clairement car il y a quand même un paquet d’idioties et de maladresses avec le scénario qui interviennent dés le début :
on voit d’abord Kai arrivé avec 4 griffures sur le crâne que lui ont faites les Tengu, mais même pas trente secondes après ces griffures ont disparu sans qu’on nous explique comment… et elles réapparaissent sans explication quand on le met sur le cheval, puis disparaît à nouveau dans les secondes qui viennent… ? Silence, c'est magique ! Le seigneur Asano décide de prendre Kai sous son aile… sans raison en fait, enfin si il pense peut être que Kai n’est pas la menace que les autres samouraïs supposent mais comme la voix-off est trop implicite pour dire ce qui a échappé au regard d’Ôishi, c’est assez gênant. Autre élément que je n’ais pas compris, pourquoi Mizuki qui est une sorcière capable de se changer en dragon a décidé de servir le seigneur Kira et de lui être fidèle ? Elle pourrait le manipuler ou l’utiliser pour servir ses desseins, sauf que ce film n’a pas prévu de lui en donner est c’est bien dommage, on ne sait même pas pourquoi elle est à son service... ça en fait un personnage incomplet pas conséquence. Lors du tournoi organisé lors de la visite de l’empereur, Yasuno le samouraï du clan du seigneur Asano est empoisonné par Miyuki et Kai, qui l’a découvert en triste état avec un autre samouraï d’Asano, décide de prendre sa place une fois qu’on le découvre dans un état secondaire le faisant agoniser… et après ? Vous laissez son cadavre sur place jusqu'à ce qu'il pue le fennec ? Non mais… désolé mais là c’est complètement con, il est à l’agonie et on ne le revoit plus du tout sans jamais réellement savoir ce qui lui est arrivé, pour un oubli c’est quand même grotesque !
Je sais que ce script a été réécrit plusieurs fois, mais ça n’excuse pas les incohérences et les choix illogique qu’on dégote à plusieurs reprises dans ce film. Parce que l’intrigue en elle-même est bonne et intéressante, l’histoire de ces 47 samouraïs déchus a de quoi plaire et le héros bien que peu innovant n’est pas détestable mais il y a eu tellement de problème avec ce film, sans compter que la bande-annonce cherche désespérément à vendre le film comme un gros blockbuster sans être vraiment honnête (Encore une fois, merci les producteurs…), voilà ce que ça dit sur la jaquette du DVD : « Ensemble, ils combattront pour la justice dans un monde sauvage peuplé de créatures mythologiques, de sorcières maléfiques et d’effroyables dangers »… premièrement il n’y a qu’une sorcière, et deuxièmement pour les créatures mythologiques… c’est franchement très faible et une belle arnaque, la faute ne revient pas au réalisateur mais aux producteurs encore une fois qui ont raté la promo du film.
Au final : "47 Ronin" ne méritait peut être pas un tel flop mais ça n’aurait pas été un si grand succès si il avait eu une sortie cinéma au meilleur moment de l’année et que la promo du film avait été meilleure que ça. Mais pour une première fois, Carl Rinsch ne s’en est pas trop mal sorti, il sait même mettre certains paysages et scènes de combats en valeur donc il y a plus de bon que de mauvais avec lui. Néanmoins avec un tel résultat, je doute que les producteurs le laissent tranquille avec ses prochains films.